Arranger

Verbe transitif
Opérer l’arrangement d’une œuvre musicale.
Dictionnaire de musique, Michel Brenet, 1926

C’est mettre à la portée d’un ou de plusieurs instruments ce qui a été composé pour un ou plusieurs instruments d’une nature différente. Il signifie encore resserrer le dessin harmonique dans ses formes et ses moyens, pour que les exécutants puissent rendre en sextuor, en quatuor, ou simplement sur le piano, la harpe et même la guitare, une symphonie ou un accompagnement destiné pour le grand orchestre. L’arrangement peut avoir son utilité ; mais, en général et au point de vue de l’art, il est presque toujours une insigne trahison à l’égard du compositeur. Comment pourra-t-on conserver sa pensée ? Les éléments sonores qu’il avait choisis, leur disposition, leur combinaison, leur opposition ou leur harmonie, leur ensemble, en un mot, était précisément, à ses yeux, le moyen nécessaire et choisi entre mille d’exprimer sa pensée : si tout cela disparaît, que devient-elle ? Et si la pensée disparaqu’a-t-on conservé de l’auteur primitif ? Beaucoup de virtuoses, dit un critique célèbre, grands et petits, chanteurs ou instrumentistes, ont l’insupportable tendance à mettre toujours en première ligne ce qu’ils croient l’intérêt de leur personnalité. Ils tiennent peu compte du respect inaltérable que tout exécutant doit à tout compositeur, et de l’engagement tacite, mais réel, que le premier prend envers l’auditeur, de lui transmettre intacte la pensée du second, soit qu’il honore un auteur médiocre en lui servant d’interprète, soit qu’il ait l’honneur de rendre la pensée d’un homme de génie. Et, dans l’un et l’autre cas, l’exécutant qui se permet ainsi, obéissant à son caprice du moment, d’aller à l’en- contre des intentions du compositeur, devrait bien penser que l’auteur de l’oeuvre telle quelle qu’il exécute,a probablement mis cent fois plus d’attention à déterminer la place et la durée de certains effets, à indiquer tel ou tel mouvement, à dessiner, comme il l’a fait, sa mélodie et son rhythme, à choisir ses accords et ses instruments, qu’il n’en met lui, l’exécutant, à faire le contraire. On ne saurait trop se récrier, en toute occasion, contre cette insensée prérogative qui s’arrogent trop souvent les arrangeurs, les instrumentistes, les chanteurs et les chefs d’orchestre.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


Médecine des Arts®    
715 chemin du quart 82000 Montauban (France)
Tél. 33 (0)563200809 Fax. 33 (0)563912811
E-mail : mda@medecine-des-arts.com

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique