Arracher

Enlever un défaut en gravure

Terme de Gravure

Synonyme d’effacer, avec cette différence, toutefois, que le mot arracher entraîne avec lui l’idée de l’emploi d’un moyen violent. Le graveur doit arracher son travail lorsqu’il change d’avis sur une forme déjà gravée, et par conséquent sur les travaux qu’il avait employés pour les représenter, ou sur les diverses variétés de noir qu’il veut introduire plus tard sur sa planche. L’action d’arracher offre un avantage sur les autres moyens d’effacer, qui ne peuvent s’employer généralement que sur des travaux peu profonds et à l’aide du brunissoir. En refoulant le cuivre sur les traits gravés, on les fait disparaître à l’œil, mais ils existent toujours et reparaissent après un frottement plus ou moins long, ce qui gêne beaucoup pour le nouveau travail qu’on veut substituer. Un tel inconvénient n’existe pas en arrachant avec un grattoir, en faisant un creux assez profond pour enlever entièrement toute trace du travail sur la partie que l’on doit effacer.

Avant de commencer cette opération, il faut nettoyer avec de l’essence de térébenthine, pour en retirer tout le noir qui s’y serait introduit, l’endroit qu’on veut effacer ; puis avec un grattoir bien coupant dont le bout est très-camard, on enlèvera le cuivre jusqu’à la disparition complète de la surface gravée. Pendant l’opération, il faut changer la direction du grattoir et prendre toujours en diagonale le travail qu’on désire faire disparaître. Quand la place est ainsi nettoyée, on prend un compas d’épaisseur dont une des branches est droite et passe sur la planche sans toucher la gravure, et avec l’autre branche, qui est recourbée, on trace sur le dos de la planche le contour du creux qui aura été fait avec le grattoir, puis on retourne la planche sur un tas d’acier bruni, bien poli, et, avec un marteau propre à cette opération, on frappe dans tout le contour tracé au dos de la planche jusqu’à ce que l’on juge le cuivre assez creux de ce côté pour espérer qu’il soit de niveau du côté de la gravure. Quelquefois on se sert d’un poinçon ayant la forme du creux qu’on veut relever, et on le frappe avec un marteau. Les planeurs opèrent autrement.

Après avoir fait le creux nécessaire pour enlever le travail, ils placent, la gravure sur l’angle de leurs larges tas, la gravure en dessus, et, avec un marteau de quatre à cinq pouces de large, ils frappent sur le côté gravé jusqu’à ce que l’angle de leur tas ait fait repousser le cuivre au niveau du reste de la planche, opération qu’ils exécutent souvent avec un bonheur qu’ils exécutent souvent avec un bonheur incroyable, mais non sans effrayer le graveur. Quand la surface du cuivre est plane et de niveau, avec un grattoir bien aiguisé, on retire tous les traits et les creux qui pourraient être restés, puis avec un charbon doux, on polit la surface du cuivre. Cette dernière opération terminée, le graveur peut recommencer un nouveau travail.

Dictionnaire de l'Académie des Beaux-Arts. Tome II
Paris, Typographie de Firmin Dido Frères, Fils et Cie, 1868

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