Antémus

Architecte, sculpteur né au 16° siècle

Architecte, sculpteur et mécanicien, né à Tralles, ville de Lydie dans l’Asie-Mineure, florissait dans le 16° siècle. Il éleva avec Isidore de Milet le fameux temple de Sainte-Sophie à Constantinople, par ordre de l’empereur Justinien. Ce vaste édifice avait d’abord été bâti par Constantin. Comme le toit n’était qu’en bois, il fut brûlé plusieurs fois, et rétabli par les empereurs, surtout par Théodose. Justinien se proposa d’en faire un temple des plus magnifiques. Lorsqu’il le vit achevé, il s’écria tout transporté de joie  Je t’ai surpassé, Salomon ! Comme nous avons cru que le lecteur ne serait pas fâché de connaître en détail ce superbe édifice, nous allons rapporter ce qu’on dit là-dessus dans les Vies des Architectes, Tome I, page 127. Ce monument est dans la situation la plus avantageuse, il occupe au sommet d’une petite colline qui domine la ville de Constantinople du côté du serrail. Le plan de Sainte-Sophie est presqu’un parfait ; car cette église a deux cents cinquante deux pieds de long sur deux cents vingt huit de large. Elle est dans la direction de l’orient au couchant. On voir s’élever de son milieu une coupole hémisphérique de cent huit pieds de diamètre, dont la circonférence est percée de vingt quatre fenêtres : on compte quatre-vingts pieds depuis le centre de cette coupole jusqu’au pavé. Elle est accompagnée de deux autres plus petites, qui sont également hémisphériques.

Dans le fond de ce temple, est une demi-coupole sous laquelle était placé le seul autel qu’il eût. C’est aujourd’hui l’endroit où les Turcs conservent l’Alcoran. La voûte de cette église est en pierre et l’intérieur de la coupole est orné de mosaïques : les murs sont couverts de peintures. Il est surprenant que les Mahométans aient laissé subsister tant d’images de Jésus-Christ et de ses saints ; ils se sont contentés d’effacer les croix. Le pavé est composé de compartiments des marbres les plus choisis, parmi lesquels le marbre rouge domine le plus.

Il y avait au-dehors un atrium ou vestibule, c’est-à-dire une place carrée, environnée de portiques qui n’existent plus. On passe de-là dans un portique aussi long que l’églie, qui a trente-six pieds de large : il est soutenu par des pilastres qui tiennent lieu de colonnes, et l’on voit au-dessus un autre portique.
On entre dans l’église de Sainte-Sophie par neuf magnifiques portes de bronze ; les jambages qui les reçoivent sont de marbre blanc. La porte du milieu est la plus considérable. L’albâtre, le serpentin, le porphire, le nacre de perme, les cornalines, ne sont point épargnés, tant au-dedans que dans les dehors de cette église. On voyait autrefois, dans le milieu de l’atrium ou de la place carrée dont a parlé, la statue équestre colossale de l’empereur Justinien.
Lorsqu’on entre dans Sainte-Sophie, on est saisi d’admiration, en voyant la grandeur de cette église, et la beauté de l’ensemble. L’extérieur est lourd et massif ; on ne voit que des contreforts qui soutiennent la coupole et la façade est d’un mauvais goût. Pour élever ce temple, Justinien se saisit des revenus des professeurs publics, imposa des taxes et prit pour couvrir la coupole, le plomb des conduits des fontaines.

A peine cette église fameuse fut-elle achevée, qu’un temblement de terre renversa le dôme ; mais l’empereur Justinien le fit rebâtir aussitôt. On prétend qu’on n’employa que des pierres ponces dans sa construction, pour le rendre plus léger. Depuis que les Turcs ont changé cette église en mosquée, ils ont bâti devant la façade quelques tours de marbre, qui sont des espèces de chapelles avec des dômes ; elles servent de sépulture aux jeunes princes Musulmans. Ils ont élevé, vis-à-vis les quatre angles de Sainte-Sophie, quatre minarets, c’est-à-dire quatre espèces de clochers isolés, qui s’élèvent très haut. Ils sont si déliés vers leurs pointes, qu’on les prendrait pour les vergues d’un vaisseau, qui sont debout. Comme les Turcs n’ont point l’usage des cloches, de peur de troubler les âmes des morts, ils montent à certaines heures au haut de ces minarets, et invitent le peuple par des cris à se rendre aux prières. Sainte-Sophie a servi de modèle à toutes les mosquées qui ont été faites dans la suite à Constaninople. Celle de Soliman est moins grande, mais ses proportions sont plus belles ; ces mosquées sont toutes isolées au milieu d’une place, ou environnées de rues très larges ; avantage que l’on devrait procurer à nos églises.

Antémius fut non seulement architecte, mais encore sculpteur et habile mécanicien. Il existe un recueil de machines qu’on lui attribue. Cet artiste trouva différentes manières d’imiter les tremblements de terre, le tonnerre et les éclairs. Le rhéteur Zénon ayant fait quelque impolitesse à Antémius, celui-ci s’en vengea, en lui faisant éprouver un tremblement de terre, Zénon tout effrayé s’enfuit de la maison. On prétend qu’il parvint à lui causer cette frayeur, en plaçant le long des murs de sa maison des chaudières d’eau bouillante, dont le bruit imitait celui qui précède quelquefois les tremblements de terre. On dit encore qu’Anthémius avait fait un miroir ardent de plusieurs miroirs plans. C’est sans doute une de ces machines merveilleuses décrites dans l’ouvrage d’Antémius, où l’on sait qu’il est question de miroirs ardents.

Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs. Ouvrage rédigé par M. l'Abbé de Fontenai. 1776


 

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