Année théâtre
La division de l’année théâtrale n’est point conforme à celle de l’année civile. Au dix-septième et au dix-huitième siècle, jusqu’à la Révolution, les théâtres, à Paris comme en province, étaient tenus de fermer leurs portes pendant trois semaines chaque année, depuis le dimanche de la Passion jusqu’au dimanche de Quasimodo, c’est-à-dire jours avant et huit jours après Pâques. L’Église, toute puissante alors, exigeait ce chômage, et c’est là ce qu’on appelait la fermeture de Pâques. A part cette fermeture, es théâtres de province jouaient toute l’année, comme ceux de Paris, mais ils profitaient de ce moment pour procéder au renouvellement de leur troupe et signer les engagements de leurs artistes pour la campagne suivante. Les théâtres de la capitale, qui se recrutaient alors en province, durent suivre naturellement cette coutume, et, des deux côtés, les directeurs prirent l’habitude de contracter des engagements avec leurs artistes à l’époque la plus rapprochée de Pâques, époque où commençait virtuellement l’année théâtrale. Aujourd’hui, tout est bien changé ; les troupes des départements ne jouent guère plus de sept, six, quelquefois même de cinq mois de l’année, et les théâtres de Paris font presque tous une grande fermeture de deux ou trois mois pendant l’été ; mais l’année théâtrale continue de courir à partir de Pâques, et c’est toujours, à Paris comme en province, l’époque du renouvellement des engagements.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885.