Anguier

Les frères Anguier, sculpteurs

Les frères Anguier, sculpteurs nés à la ville d’Eu en Normandie, François était l’aîné, et mourut à Paris en 1699, âgé de 95 ans. Michel le cadet, mourut dans la même ville en 1686 âgé de 74 ans. Ils étaient fils de menuisier. Dès qu’ils commencèrent à faire usage de leur raison, ils s’occupèrent à faire de petites figures de bois ou de pierre avec leurs couteaux ; en quoi ils réussirent si bien, qu’un honnête bourgeois de la ville, frappé de leurs talents, se chargea de leur éducation. Mais voyant  que, pour se perfectionner, il leur fallait de meilleurs maîtres qu’on n’en pouvait trouver dans la ville d’Eu, il engagea un Jésuite, qui allait à Paris, de les y conduire avec lui, et de les placer chez un bon sculpteur ; ce que ce religieux fit en effet. A peine eurent-ils commencé à modeler des figures, que leur maître s’apperçut qu’ils iraient fort loin un jour, s’ils continuaient à travailler. Il le connut encore mieux, lorsqu’ils eurent commencé à se servir du ciseau sur le bois ou sur la pierre.

Après s’être ainsi formés quelque temps à Paris, ils partirent pour Rome, et firent dans leur art des progrès qui les ont placés au rand des plus célèbres sculpteurs de leur siècle. La ville de Paris se glorifie de posséder plusieurs morceaux excellents sortis de leurs mains. Tout le monde convient que François Anguier eut un des premiers, en France, qui ait su donner du sentiment au marbre : les figures sont remarquables par la beauté et la vérité de l’expression. On distingue surtout le crucifix en marbre du maître-autel de la Sorbonne ; le mausolée du cardinal de Bérulle, dans l’église de l’Oratoire, rue S. Honoré ; celui de M. de Thou, à S. André-des-Ards ; celui du duc de Montmorenci, à Moulins ; quatre figures au tombeau du dic de Longueville, dans l’église des Célestins à Paris. Ces figures ont de la noblesse ; celle de la Prudence se fait remarquer par les graces et la douceur, que l’on pourrait tenir du Correge. François Anguier a fait aussi quelques figures d’après l’antique. Quant à Michel, son frère, on peut citer le tombeau du commandeur de Souvré, dans l’église de S. Jean-de-Latran, une Amphytrite, figure en marbre, dans le parc de Versailles ; les bas-reliefs et les figures de la porte S. Denis, qui font l’admiration des connaisseurs et qui suffirent seuls pour l’immortaliser. Ces deux artistes furent enterrés à S. Roch, où l’on a gravé sur leur tombe en marbre blanc une épitaphe en huit vers français.

Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs. Ouvrage rédigé par M. l'Abbé de Fontenai. 1776


 

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