André del Sarté

Peintre, né à Florence en 1488

Peintre, né à Florence en 1488, mort dans la même ville en 1530. Il eut pour père un tailleur d’habits, d’où lui est venu le nom del Sarté. On le mit d’abord chez un orfèvre, où il demeura sept ans ; et pendant ce temps il s’attacha beaucoup plus à dessiner, qu’à s’occuper de sa profession : enfin son inclination pour la peinture l’emporta, et il entra chez un peintre médiocre, nommé Jean Batile, qu’il quitta bientôt pour étudier sous Pierre Cosima.

Son ardeur pour le travail, et son application constante à dessiner d’après les bons maîtres, surtout d’après Léonard de Vinci et Michel Ange, hâtèrent ses progrès, et il ne fut pas longtemps sans aquérir une grande réputation.

Son voyage à Rome ne lui procura pas tous les avantages qu’il aurait pu raisonnablement en attendre. Timide, humble même, il crut ne jamais pouvoir percer parmi les grands hommes qui se trouvaient alors dans cette ville. Ce même esprit de timidité l’empêchait de mettre à ses ouvrages le prix qu’ils valaient ; et de-là vient qu’en travaillant beaucoup, il gagnait très peu. Cependant que de belles choses n’a-t-il pas faites Florence ou aux environs ? La vie de S. Jean-Baptiste, celle du  bienheux Philippe Bénizzi, un S. Sébastien pour l’église de S. Gal, qui est un de ses meilleurs tableaux ; et tant d’autres qu’il ferait trop long de nommer.

Sa réputation parvint en France. Le roi François I, ce protecteur magnifique des arts et des sciences, décida de l’attirer auprès de sa personne. André sollicita lui-même avec empressement cet honneur, et il l’obtint. Dès qu’il fut arrivé, le roi lui donna des marques de sa libéralité, un logement, des appointements considérables ; il ordonna qu’on ne le laissat manquer de rien, et souvent il le visita dans son atelier. Cet artiste fit dans cette cours plusieurs ouvrages bien reçus et bien recompensés, entre autres, une Charité, qu’on voit aujourd’hui dans une des salles du Luxembourg. Heureux, s’il eût pu se fixer  Mais dans le temps qu’il achevait un S. Jérôme pour la reine, atant reçu des lettres de sa femme, il demanda aussitôt un congé pour aller sans son pays, promettant avec serment qu’il reviendrait.

Le roi y consentit et lui fit même donner de l’argent pour acheter des tableaux des grands maîtres. André partit, se divertit en Italie avec ses amis, mangea, non seulement ce qu’il avait gagné, mais encore l’argent des tableaux du roi et n’osa revenir. Il fut bien puni de sa mauvaise conduite ; car quoiqu’il continuât de travailler dans son pays, il tomba dans la misère, et mourut de la peste, à quarante-deux ans, abandonné de sa femme et de ses amis.

Le dessin d’André des Sarté est correct, et dans la manière de Michel-Ange ; ses intentions sont agréables et ses ordonnances pleines d’esprit ; mais il n’a pas assez eu de cette chaleur et de beau feu si nécessaire aux peintres pour animer leurs figures et pour leur donner cette fierté, cette force, cette noblesse, en un mot, cette variété d’expressions qui fait admirer les tableaux. Ses vierges, par exemple, manquent quelquefois par le caractère de noblesse propre à ce sujet, mais il faut convenir qu’il entendait parfaitement le nu, que ses figures sont bien disposées, que son coloris est admirable et vigoureux, qu’il est gracieux dans ses airs de tête de tous les sexes et de tous les âges et que ses draperies sont disposées d’une manière agréable.

Il faisait des copies si fidèles, que les plus habiles maîtres s’y trompaient. On rapporte que le duc de Mantoue, passant par Florence, vit le portrait de Léon X, peint par Raphaël et qu’il le demanda au pape Clément VII, qui le lui accorda et qui ordonna à Octavien de Médicis de l’envoyer à Mantoue. Celui-ci, ne voulant pas se priver d’un morceau qui passait pour un chef-d’œuvre, le fit copier secrétement par André del Sarté y envoya cette copie à Mantoue. Tout le monde le prit pour l’original ; et Jules Romain lui-même, qui l’avait vu travailller, et qui, sous la conduite de Raphaël, avait fait les habits, fut dans l’erreur comme les autres ; il ne fut désabusé que lorsque Vasari, qui était dans la confidence d’André, lui eut montré la toile par derrière, où l’on avait mis des marques exprès. Qu’on juge, après cela, si les plus habiles connaisseurs, principalement lorsque les copies sont faites dans le même temps des originaux et par de grands artistes. On a beaucoup gravé d’après André del Sarté. Le Roi possède quelques-uns de ses tableaux, de même que Mgr le duc d’Orléans. Pantorme, Vasari, Saviati, Sandro, Squazella qui a travaillé en France, l’on eut pour maître.

Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs. Ouvrage rédigé par M. l'Abbé de Fontenai. 1776


 

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