Amazone

Statue d'Amazone

Nom que donnaient les Grecs à des femmes guerrières, auxquelles ils attribuaient la fondation de plusieurs villes, entre autre de Smyrne, d’Ephèse, etc.

AmazoneCes femmes habitaient les bords du lac Méotis et du Thermodon ; elles adoraient Mars et Diane , comme leurs divinités tutélaires. Sous le commandement d’une reine, elles formaient, disait-on, un Etat dont les hommes étaient exclus. Les amazones étaient toutes élevées dans les exercices de la guerre, et l’on prétend que, pour se faciliter l’usage de l’arc, elles se retranchaient le sein droit, mais il est certain que cette mutilation n’est jamais exprimée sur les monuments antiques, où les amazones sont souvent figurées.
L’art plastique représente les amazones sous la forme de jeunes filles d’une constitution vigoureuse. Les Ephésiens, leur attribuant la fondation de leur ville, résolurent de consacrer une statue d’amazone dans le temple de Diane et ouvrirent un concours auquel prirent par les artistes les plus renommés de la Grèce  Phidias, Polyclète, Crésilas, Phradmon et Cydon. En souvenir de ce que les amazones, fuyant la tradition, à l’Ephèse, et déposèrent leurs armes dans le temple de Diane, chacune des cinq statues admises au concours représentait une amazone quittant ses armes ; les auteurs racontent que ce fut Polyclète qui l’emporta sur ses concurrents, mais les cinq statues furent acquises par les Ephésiens et placées dans le temple de Diane.
Parmi les diverses statues d’amazones qui nous restent, celle qui se voit au Musée du Louvre est présumée reproduire celle de Polyclète, opinion fondée sur ce qu’elle détend son arc et dépose ses armes [Bouillon, Musée des antiques, II, 93]. Bien que les bras soient restaurés, ils ont été refaits dans le mouvement indiqué par ce qui reste d’antique. On sait que l’amazone de Phidias s’appuyait sur sa lance ; telle elle est représentée sur une pierre antique, publiée par Natter [Pl. Traité de la méthode antique de graver en pierre fines, pl. 31]. On voit aussi au Musée du Capitole une amazone d’une beauté de forme et d’une noblesse de style qui attestent la grande perfection de l’art grec. La tête exprime la douleur causée moins par la blessure reçue que par la défaite subie. Des antiquaires ont cru reconnaître dans cette belle sculpture l’amazone de Crésilas.

L’art les représentait dans toutes les situations qui pouvaient fournir d’heureux contrastes ; soit qu’on les figurât isolées, soit qu’on les réunit en groupes variés combattant à cheval contre des guerriers à pied, comme on les voit fréquemment sur les bas-reliefs et sur les vases peints.

Le Musée de Naples présente deux statues complètes d’amazones combattant : l’une, en bronze, est sur un cheval au galop, elle est dans l’action de frapper de sa lance ; l’autre statue est en marbre, elle montre l’amazone blessée, tombant de son cheval, qui est livré à lui-même.

Les statues antiques d’amazones n’étant parvenues jusqu’à nous que mutilées pour la plupart, et les restaurations qui y ont été faites pouvant manquer d’exactitude sous plus d’un rapport, c’est dans les bas-reliefs et les vases peints qu’on trouve des autorités suffisantes pour fixer l’opinion sur les usages, le costume et les armes des amazones. Leurs armes offensives consistaient en un arc, un carquois attaché à la ceinture, une lance, puis une épée suspendue à baudrier qu’elles portaient en sautoir. Elles se servaient aussi d’une hache à double tranchant. Pour une arme défensive, elles avaient un petit bouclier échancré. Il faut citer aussi les peaux de bêtes dont elles se couvraient et dont elles se faisaient une sorte de casque. Souvent le casque est remplacé par une mitre ou par un bonnet phrygien. Leur vêtement était une tunique courte, attachée par une large ceinture vers le milieu du corps, et parfois une seconde tunique avec des manches flottantes, pièce de l’ancien costume asiatique resté en usage dans l’Orient moderne. Des pantalons serrés, que les Grecs nommaient anaxyrides (voyez ce mot), des brodequins en cuir armés d’éperons, enfin un manteau fixé sur l’épaule droite complétaient le vêtement.

Les étoffes employées pour le costume des amazones devaient être richement brodées, suivant la mode asiatique, et elles devaient offrir de brillantes couleurs ; les peintres y trouvaient l’occasion de faire valoir les ressources de leur palette.

Parmi les monuments de l’antiquité qui représentaient les amazones et qui sont perdus pour nous, on doit placer au premier rang les peintures murales de Panaenus, de Micon, de Polygnote, qui décoraient le Poecile d’Athènes [Pausan., liv. I, ch. 15.] ; les cinq statues d’Ephèse ; les bas-reliefs dont Phidias avait décoré la face extérieure du bouclier de la Minerve du Parthénon ; le bas-relief qui, sur l’une des traverses du trône de Jupiter Olympien, représentait le combat des amazones contre Hercule.

La statue mutilée du Musée du Louvre et le fragment conservé au Capitole ne seraient que des reproductions de quelques-uns de ces chefs-d’œuvre.
Dans un autre ordre de monuments nous sommes heureux de retrouver des traces de ces beautés perdues sur les bas-reliefs mutilés du temple de Phigalie, du mausolée d’Halicarnasse, du temple de la Victoire Aptère, fragments précieux des beaux siècles de l’art, et sur lesquels sont représentés les combats des Athéniens contre les amazones. Un riche tombeau provenant de Salonique et la frise du temple de Diane Leucophryné à Magnésie du Méandre, réunis au Musée du Louvre, des fragments nombreux de statues, de bas-reliefs, conservés en Italie, en Allemagne, en Angleterre, une suite considérable de vases peints qui ornent les galeries publiques et privées, productions plus ou moins parfaites laissées par l’antiquité, démontrent que l’histoire des amazones fut un des sujets sur lesquels l’art s’exerça avec le plus d’abondance.

Dictionnaire de l'Académie des Beaux-Arts. Tome II
Paris, Typographie de Firmin Dido Frères, Fils et Cie, 1868

 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique