Altération du moi

Ensemble des limitations et des attitudes anachroniques acquises par le moi au cours des étapes du conflit défensif, et qui retentissent défavorablement sur ses possibilités d’adaptation.
Le terme « altération du moi » figure chez Freud tout au début et tout à la fin de son œuvre, dans deux contextes assez différents.
C’est dans les Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense que Freud, à propos de la paranoïa, distingue du délire comme retour du refoulé un délire secondaire, le délire d’interprétation encore nommé délire « combinatoire » ou ailleurs délire « d’assimilation ». Celui-ci serait la marque d’une adaptation du moi à l’idée délirante : le paranoïaque finirait par être un esprit faux dans sa tentative pour atténuer les contradictions entre l’idée délirante primaire et le fonctionnement logique de la pensée. Dans Analyse finie et infinie, Freud traite d’une façon relativement systématique de « … ce qu’on désigne de façon indéterminée du terme « altération du moi » » (1a). Venant prolonger l’ouvrage récemment paru d’Anna Freud sur les mécanismes de défense (1936), il montre comment ceux-ci, originairement constitués pour faire face à des dangers internes déterminés, peuvent finir par se « fixer dans le moi », constituer des « … modes réactionnels réguliers du caractère » que le sujet répète tout au cours de sa vie, les utilisant comme des institutions anachroniques alors même que la menace première a disparu (1b). L’enracinement de telles habitudes défensives aboutit à des « distorsions » (Verrenkungen) et « limitations » (Einschränkungen). Le travail thérapeutique les rend particulièrement manifestes une véritable résistance s’opposant à la mise à jour des résistances mêmes.
L’altération du moi serait plutôt à rapprocher d’un montage de comportement pouvant même, come l’école éthologiste l’a montré sur les comportements instinctuels, fonctionner « à vide », voire se créer artificiellement des situations motivantes : le moi « … se trouve poussé à aller se chercher dans la réalité les situations capables de remplacer approximativement le danger originaire » (1c). Ce que Freud a là en vue, c’est autre chose que le retentissement direct du conflit défensif sur le moi (symptôme lui-même peut être considéré comme une modification du moi, un corps étranger dans celui-ci ; ainsi la formation réactionnelle modifie aussi le moi).
Ces deux textes où Freud parle des altérations du moi ont plus d’un point en commun. L’altération du moi est conçue dans les deux cas comme secondaire, à distance du conflit et, de ce qui porte la marque de l’inconscient. En ce sens, elle offrirait une difficulté particulière à la cure, l’élucidation du conflit ayant peu de prise sur des modifications inscrites dans le moi de façon irréversible, au point qu’on a pu les comparer à des « troubles lésionnels de l’organisme » (2). D’autre part la référence à la psychose, centrale dans le premier texte, est également présente dans le second : le moi de tout être humain « … se rapproche de celui du psychotique en telle ou telle de ses parties dans une proportion plus ou moins grande « (1d).
(1) Freud (S). a) G. W., 80 ; S. E., XXIII, 235 ; Fr., 21. – b) G. W., XVI, 83 ; S. E., XXIII, 237 ; Fr., 24. – G. W., XVI, 83 ; S. E., XXIII, 238 ; Fr., 24. – d) G. W., XVI, 80 ; S. E., XXIII, 235 ; Fr., 21.
(2) Cf. Nacht (S). Causes et mécanismes des déformations névrotiques du moi, 1958. In R. F. P., 2, 199-200.
J. Laplanche et J.-B. Pontalis. Vocabulaire de la Psychanalyse. Presses universitaires de France, 1971


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