Allégorie

Allégorie chez les peintres

 

 

 

 

 

 

 

Artifice de l’esprit, par lequel on exprime les idées abstraites et l’on représente les êtres de raison au moyen et sous la forme d’être réels. L’écrivain, qui trouve dans la langue des mors représentatifs des êtres de raison et des êtres réels, use à son choix de ces mots ou de l’image allégorique. S’il préfère quelquefois cette dernière, c’est comme chose de luxe, en quelque sorte, parce qu’elle donne au discours plus d’élégance et de persuasion, ou qu’elle prête à la pensée plus d’éclat, et non faute de pouvoir s’exprimer d’autre manière avec non moins de clarté.
Il n’en est pas de même du peintre, dont la langue, si l’on peut dire, manque de termes pour exprimer les choses intellectuelles, et n’a que des substantifs matériels. Force lui est de recourir à l’allégorie toutes les fois qu’il veut exposer autre chose que le matériel des faits.
Pour cela, la peinture a les attributs, les emblèmes, et certains personnages nés de l’imagination des poètes, ou qu’elle crée pour son propre usage ; et de ces divers objets elle compose des tableaux comme avec les mots et les phrases on compose le discours.
Une masse, un sceptre, un joug, signifient la force, l’autorité, la soumission ; une balance, un frein, deux mains pressées l’une dans l’autre, comportent l’idée de la justice, celle de la tempérance et de la bonne foi ; un vieillard ailé, armé d’une faux, et traversant l’espace d’un vol rapide et continu, figure le temps ; une vierge nue, un miroir à la main, est la vérité ; l’envie est représentée par une femme dont un serpent pénètre les entrailles et dévore le foie, tandis que d’autres serpents se hérissent et sifflent sur sa tête ; la discorde est aussi une femme armée d’une torche ardente et d’un poignard.
Le Poussin veut-il dire, dans le langage de son art, que les passions haineuses ou trompent les contemporains, sur bien des choses que la postérité est appelée à voir sous leur véritable jour, il prend les quatre figures que nous venons de décrire, et compose un plafond où l’on voir le temps enlevant dans son vol, et montrant à la terre la vérité, qu’il vient de délivrer de liens où la retenaient la discorde et l’envie. Ce tableau est tout allégorique, et ne représente qu’une pensée, qu’un fait de l’ordre moral : c’est le tableau allégorique simple.
Quelquefois aussi le peintre mêle les images allégoriques à la représentation des objets matériels, de même que l’historien sème de réflexions le récit des faits. Ainsi, dans les tableaux de la Galerie du Luxembourg, transportés au Musée du Louvre, Rubens n’a pas cru devoir se borner à la représentation muette des événements de la vie orageuse de Marie de Médicis ; il a voulu dire aussi qu’elles avaient été les causes, ou quels devaient être les résultats de ces événements. Pour cela, il a introduit, dans plusieurs de ces tableaux historiques, les figures allégoriques de la paix, de la sagesse, de la musique, de la discorde, de l’hypocrisie, de l’éloquence, etc. Charles Le Brun en a usé de même pour les peintures des voussures de la Galerie de Versailles.

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