Aliénés migrateurs

Lors de son travail à Quatre Mares, proche du Havre, Foville a eu l’opportunité de rencontrer plusieurs cas de malades qui se préparaient à partir en voyage, ou qui étaient déjà de retour. Il dit clairement qu’il ne prétende pas « inventer une nouvelle espèce de folie ». Au contraire, il veut montrer comment un acte qui est « habituellement aussi réfléchi et aussi rationnellement motivé que les grands voyages, peut dans certains cas être le résultat maladif d’une conception délirante »
Il existent « certains imbéciles qui ne peuvent s’astreindre à aucune résidence fixe : qui ont un véritable besoin de continuellement changer de place, et, qu’au moins de les séquestrer, on ne peut guère les empêcher d’errer dans les campagnes en se livrant au vagabondage voire même au maraudage » Foville parle d’une « folie instinctive » et les patients affectés présenteraient dans leurs accès périodiques, des « impérieusement forcés à quitter l’endroit où ils demeurent, et à aller, dans d’autres parages, se livrer à leurs actions délirantes ».
Ceci pourrait arriver aux dipsomanes qui, « chaque fois qu’ils sont en proie à un de leurs paroxysmes, disparaissent du lieu de leur domicile, se cachent en plongeant, pour ainsi dire, dans les bas-fonds sociaux, où ils vont satisfaire leur fureur de boire, et ne reparaissent que lorsque leur accès de débaucher est terminé. » Mais il y a aussi des épileptiques « qui partent inconscientement, font parfois des longs trajets, et se retrouvent dans un endroit plus ou moins distant de leur domicile, sans savoir comment ils y sont venus, ni ce qui a pu les y conduire. » Et finalement les déments désorientés qui cherchent toujours à « sortir, à se promener sans but déterminé, et qui s’ils ne sont pas surveillés, peuvent s’égarer, marcher longtemps devant eux sans se reconnaître, sans savoir où ils vont, sans être en état de demander leur chemin, ni de donner leur adresse, en sorte qu’il arrive de les retrouver bien loin du point de départ » Il existent donc quatre catégories : les imbéciles qui vagabondent, les dipsomanes, les épileptiques et les déments. Ces quatre catégories ont en commun avec les aliénés voyageurs le fait de se déplacer et de quitter leur résidence, mais il n’y a pas d’analogie dans les motifs du déplacement. Cette description sémiologique est toujours d’actualité, on peut adapter les termes au contexte et approfondir dans les diagnostiques différentiels.
Les aliénés voyageurs voyageurs pathologiques « accomplissent en effet, lorsqu’ils se déplacent, un acte réfléchi et parfaitement conscient ; ils entreprennent de longs voyages par suite d’idées nettes et logiquement systématisées : ils savent très bien ce qu’ils veulent faire en quittant l’endroit où ils se trouvent, pour émigrer dans un pays plus ou moins éloigné »Il explique bien que « l’aliéné voyageur » n’est pas un aliéné avec une maladie stabilisé et qui voyage ou un malade que l’on fait voyager dans une conduite thérapeutique, il fait référence aux « aliénés, et particulièrement des hallucinés, chez lesquels des grands voyages font partie des actes délirants, et constituent une des conséquences morbides du délire, un des symptômes de la folie ». Les aliénés migrateurs de Foville, les voyageurs pathologiques, « réagissent normalement à un délire » cette à dire que son délire les amène à voyager ; le fugueur effectue un déplacement « anormal et illogique »
Federico A. Caro, 2005


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