Alexandre Algarde

Sculpteur et architecte né à Bologne en 1602, mort à Rome en 1654

Sculpteur et architecte né à Bologne en 1602, mort à Rome en 1654. Son père, marchand de soie, le fit élever avec soin, et lui fit apprendre les principes du dessin dans l’école des Carrache. Un goût naturel l’entraînait déjà vers la sculpture ; et ayant en occasion de connaître Jules-César Conventi, assez bon sculpteur de Bologne, il reçut de lui les premiers principes de cet art, et y fit des progrès rapides. A l’âge de vingt ans, il se rendit à Mantoue, o il travailla beaucoup à faire des modèles de plusieurs figures antiques, et des ornements pour le palais du duc Ferdinand. Ce prince avait reconnu le mérite du jeune artiste ; et il consentit volontiers à le laisser aller à Rome, pour perfectionner ses talents. Il voulut même l’entretenir à ses dépens dans cette ville, à condition qu’il retournerait à Mantoue, et qu’il ferait attaché à son service. Mais la mort de son bienfaiteur, survenue bientôt après, rompit tous ces engagements, et l’Algarde prit la résolution de se fixer entièrement à Rome.

Plusieurs années se passèrent sans qu’il pût faire éclater son mérite. Il s’en fallait bien que la sculpture jouit de son temps des honneurs qu’on lui avait autrefois accordé. Les artistes en ce genre étaient alors condamnés à faire des modèles d’enfants, de petites figures, des têtes, des crucifix ou des ouvrages pareils ; et les plus habiles étaient employés à restaurer les statues antiques, qu’on tirait journellement des fouilles et des ruines. L’Algarde se vit lui-même forcé de s’adonner au travail et l’on sait qu’il répara surtout plusieurs de ces statues, que M. Mario Frangipani envoyait en France. Ce ne fut qu’en 1640, c’est-à-dire lorsqu’il avait déjà 3 ans, qu’on le choisit pour faire la statue de S. Philippe de Néri, placée dans la sacristie des pères de l’Oratoire de Rome. Ce morceau attira l’attention des connaisseur, et fut la première époque de la réputation de notre artiste, on l’avait cru jusqu’alors incapable de pouvoir travailler le marbre. Ses ennemis même lui rendirent justice, en voyant ce chef-d’œuvre sortir tout-à-coup de ses mains.

Divers ouvrages de l’Algarade ajoutèrent tous les jours à sa gloire : le détail nous ménerait trop loin ; et il nous suffira, pour donner une idée de ses talents, de citer le groupe de S. Paul décollé dans l’église des Barnabites de Bologne, et le bas relief-d’Attila dans S. Pierre de Rome. Voici ce que M. Dandré Bardon dit de ce dernier morceau : « Le ton propre, ce relief vrai que la nature donne aux objets, s’y trouve en opposition avec le ton local, c’est-à-dire avec la dégradation raisonnée, que les règles de la perspective leur assigne, à raison de leur plan. Le roi des Huns, isolé dans la partie supérieure, est soutenu dans son saillant par un groupe de figures si artistement dégradées, qu’elles vont insensiblement se confondre dans le fond. S. Léon paraît sur le second site du bas-relief. Ces deux figures sont liées par la médiation d’un page qu’elles couvrent d’une large demi-teinte, propre à relever leur éclat et leur saillant. S. Pierre et S. Paul planent dans les airs : ils sont traités d’un relief assorti à leur situation. Une douce saillie leur prête tout à la fois la légèreté qui leur convient, et la consistance nécessaire au soutien du reste de la composition, avec laquelle ils sont groupés par l’entremise des nuages. Les finesses et la fierté des travaux sont partout ménagées en proportion du caractère et de la place des figures. Tout y concourt à la vérité des effets et à la peinture énergique de la surprise d’Attila, menacé par S. Léon de l’indignation de S. Pierre et de S. Paul, s’il exécute le projet de venir saccager Rome. » Le pape fut si content de l’exécution de ce bas-relief admirable, qu’il en fit donner à l’Algarde dix milles écus romains.

On peut dire, en général, que cet artiste avait dans ses ouvrages de la sculpture beaucoup d’invention, une exécution aisée, qu’il savait rendre les différentes passions de l’âme avec énergie ; mais que ses draperies sont tantôt maniérées et affectées et tantôt simple et dans le ton de la nature. Ce n’est pas sans doute une petite gloire pour lui d’avoir, en quelque sorte, ressuscité la sculpture trop négligée de son temps, et d’avoir formé, par ses soins et pas ses leçons, une école d’où sont sortis d’excellents artistes. Quant à ses ouvrages d’architecture, il construisit la fameuse ville Pamphile, la plus agréable de toutes celles qui sont aux environs de Rome. Il inventa en même temps toutes les fontaines, et distribua les jardins de la manière la plus pittoresque, selon les inégalités du terrain. De si grands avantages ont fait donner à cette maison de plaisance le nom de bel respiro, c’est-à-dire lieu où il est agréable de respirer. L’Algarde construisit encore la façade de l’église de S. Ignace, dans laquelle on remarque des défauts ; et le grand autel de l’église de S. Nicolas Tolentin, qu’on regarde comme un chef-d’œuvre. Innocent X décora l’Algarde de l’ordre de Christ et lui fit présent d’une belle chaîne d’or. L’académie de S. Luc s’honore de le compter parmi ses membres. Cet artiste se conduisit toujours d’une manière exemplaire ; ses mœurs étaient douces, et ses réparties spirituelles. Il fut enterré dans l’église des saints Jean et Pétronne de la notion Bollonaise. On y voit son portrait en marbre, sculpté par Dominique Guidi, son élève ; et son épitaphe, dans laquelle on dit qu’il ne manque à ses ouvrages que l’antiquité, pour être comparés à ceux des anciens artistes.

Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs. Ouvrage rédigé par M. l'Abbé de Fontenai. 1776


 

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