Aïda

Opéra-seria

Opéra séria en quatre actes et sept tableaux, livret de M. Ghislanzoni, musique de M. Verdi, représenté pour la première fois sur le théâtre du Caire le 24 décembre 1871. Le Khédive Ismaïl-Pacha avait demandé au compositeur, dès le mois d’août 1870, un opéra pour inaugurer le nouveau théâtre du Caire. L’ouverture de ce théâtre eut lieu en novembre 1871, et Aïda, comme je viens de le dire, y a été représenté le mois suivant avec une pompe extraordinaire. S’il faut en croire la presse, le vice-roi aurait offert à M. Verdi 150,000 fr d’honoraires pour son opéra et aurait fait ouvrir par le surintendant Draneth-Bey un crédit de 50,000 fr. pour les frais de la mise en scène. M. Vassali, conservateur du musée de Boulak, aurait fourni la donnée du poème et l’aurait même écrit en vers, et M. Ghislanzoni l’aurait enfin traduit en vers italiens à l’usage de M. Verdi. Quant à M. Mariette-Bey, le savant égyptologue, son rôle a été fort important. Saisissant cette occasion d’appliquer ses connaissances archéologiques, il a restauré les éléments de la vie égyptienne au temps des Pharaons ; reconstruit l’ancienne Thèbes, Memphis, le temple de Phtah, dessiné les costumes et réglé l’appareil scénique. C’est au milieu de ces circonstances exceptionnelles que le nouvel opéra de M. Verdi s’est produit. En voici le sujet. Le roi d’Egypte  est en guerre avec son voisin le roi d’Ethiopie, Amonasro. La fille de ce roi a été faite prisonnière et est devenue l’esclave d’Amnéris, fille du Pharaon. Toutes deux brûlent de la même flamme pour un capitaine des gardes nommé Radamès. Lorsque le grand prêtre Ramfis annonce que les Ethiopiens s’avancent sur Thèbes, Radamès est désigné par le roi pour marcher contre eux. Il aime Aïda, la fille d’Amonasro, et il ignore que c’est son père qu’il va combattre. Les prêtresses de Phtah chantent des hymnes religieux et on exécute des danses sacrées pour le succès de la guerre sainte. Amnéris reçoit la confidence de l’amour d’Aïda et conçoit contre elle une haine que la pauvre esclave est impuissante à conjurer. Radamès revient vainqueur, on lui décerne les honneurs du triomphe. Le roi Amonasro fait partie des prisonniers éthiopiens. Le Pharaon a récompensé la valeur de Radamès en lui accordant la main de sa fille. Amonasro conjure Aïda d’obtenir de son amant secret des opérations militaires qui se préparent encore contre leurs compatriotes. Reconquérir ses Etats, délivrer sa fille d’une odieuse captivité, lui faire épouser Radamès, tel est son dessein. Le capitaine arrive ; il se laisse séduire et révèle ce qu’Amonasro veut savoir. Mais Amnéris qui veille surprend Radamès, les prêtres l’arrêtent et les gardes s’emparent d’Aïda et de son père.

Pendant le jugement des coupables, Amnéris, qui s’est efforcée en vain de sauver Radamès, s’abandonne au plus grand désespoir. C’est ici que M. Verdi a dû, à mon avis, intervenir dans la composition du scénario, tant il semble préparé pour les effets de musique dramatique à outrance qu’il affectionne. La scène est divisée en deux parties superposée : dans la partie supérieure, le temple ; au-dessous, un souterrain où les deux amants sont enfermés, et pendant que les hymnes retentissement dans le temple, pendant que des prêtres scellent la pierre qui ferme le souterrain, Radamès et Aïda chantent le duo final, l’affranchissement de la vie par la mort et leurs amours éternelles dans les régions célestes vers lesquelles s’élèvent leurs derniers regards. On ne peut nier qu’il y ait une certaine grandeur dans les péripéties de ce poème. Mais n’a-t-on pas abusé de la couleur locale et de l’érudition archéologique ? et puis, n’a-t-on pas atteint les dernières limites de l’invraisemblance en faisant chanter un duo d’amour dans les entrailles de la terre ? Cet opéra a eu pour interprètes, au Caire, Staller, Costa, Medini, Mongini, Mmes Possoni-Anastasi et Grossi. Il a été accueilli avec enthousiasme. Lorsqu’il a été représenté à la Scala de Milan, le 7 février 1872, M. Verdi a été rappelé trente-deux fois sur la scène. Cédant à un entraînement systématique et national, les familles milanaises ont chargé les artistes d’offrir au maître parmesan un sceptre en ivoire et une étoile en diamants, avec le nom d’Aïda en rubis et celui de Verdi en pierres précieuses.
Les interprètes étaient Fancelli, Pandolfini, Maini, Mmes Teresina Stolz et Waldmann. Pantalconi remplaça Pandolfini aux représentations suivantes.

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