Agar (Florence-Léonode Charvin, dite)

Comédienne

Artiste française née à Saint-Claude (Jura) le 18 septembre 1836, morte à Mustapha, près Alger, le 15 août 1891.
Elle reçut une bonne instruction et vint, vers l’âge de dix-huit ans, chercher fortune à Paris. Elle donna des leçons de piano, cultiva sa voix, puis chanta dans des cafés-concerts sous le nom de Léontine. Douée d’une remarquable beauté, joignant à un regard expressif, à une voix sonore et profonde, un maintien sculptural, elle ne tarda pas à se faire remarquer, et on lui conseilla d’entrer au théâtre. Ricourt, qu’elle alla voir, lui donna des leçons ; puis, sous le nom d’Agar, elle débuta, le 18 décembre 1859, à l’Ecole lyrique de la Tour d’Auvergne dans le rôle de Margarita de Don César de Bazan. Après avoir joué à ce petit théâtre Agnès de Méranie, Médée, etc., elle fut engagée en 1862 à l’Odéon, où elle joua coup sur coup Phèdre, Camille et Hermione. On applaudit à sa beauté, à sa voix superbe et richement timbrée, mais on critiqua la monotonie de sa diction et l’insuffisance de ses études. En 1863, elle passa à la Porte-Saint-Martin, où elle créa le rôle de Mindha dans les Etrangleurs de l’Inde. Peu après, Mlle Agar fut engagée à la Comédie-Française. Elle joua Phèdre, Andromaque, Clytemnestre ; mais peu  goûtée, elle quitta au bout de trois mois ce théâtre. On la vit successivement ensuite à l’Ambigu-Comique dans la Sorcière (1863), à la Porte-Saint-Martin dans la Faustine de Bouilhet (1864), à la Gaité dans le Fils de la nuit. Dans ces deux derniers rôles elle fut très applaudie.

Rentrée à l’Odéon en 1866, Mlle Agar joua divers rôles tragiques, créa Catherine de Médicis dans la Conjuration d’Amboise, la Goncrille dans Le Roi Lear, reprit Madeleine de François le Champi, enfin joua la courtisane Sylvia dans le Passant de Coppée (janvier 1869). Pour la première fois elle eut un éclatant succès. Dans ce rôle d’une âpre tristesse et d’un attendrissement mélancolique, Agar fut de tous points admirable. Quelques mois plus tard elle rentrait en triomphatrice à la Comédie-Française. Grâce à une toute-puissant intervention, M. Thierry lui avait envoyé un engagement signé. Elle débuta dans Phèdre, où elle dit avec un charme inexprimable la scène de la déclaration, mais fut très inférieure dans les autres parties du rôle. Elle trouva ensuite peu d’occasions de se produire sur ce théâtre, où elle fut en butte à de vives hostilités. Pendant le siège de Paris, elle ouvrit chez elle une ambulance et y soigna douze blessés. Sous la Commune, elle alla réciter des vers de Victor-Hugo dans un concert donné aux Tuileries au bénéfice des veuves et des orphelins (14 mai 1871). Cette simple participation à un acte de charité lui fut bientôt imputée à crime. Ayant quitté le Théâtre-Français en 1872, Agar parcourut les principales villes de France, en donnant des représentations avec une troupe dirigée par M Marye, qu’elle avait épousé. En mars 1873, on la vit à Paris jouer à la Porte-Saint-Martin, dans une matinée Agrippine, de Britannicus. En 1876, elle revint jouer Phèdre, dans une matinée, à la Renaissance.
Engagée au Théâtre-Français en 1878, Agar créa le 8 avril, le rôle de Mme Bernard dans  Les Fourchanbault, d’Augier. Son succès fut immense «  Elle avait imprimé à ce rôle, dit M. Sarcey, une grande allure tragique que personne ne lui rendra plus. Ce fut un éblouissement… On aurait pu croire que ce succès allait fixer pour toujours Mme Agar à la Comédie-Française. Elle n’en fut rien. Il fallait bien qu’il y eût dans son caractère ou dans son tempérament un je ne sais quel goût de changement. C’était dans une nature inquiète, que tourmentait la papillonne de Fourier. «  N’ayant pas été nommée sociétaire, elle quitta le Théâtre-Français en décembre 1878 et recommença ses tournées artistiques. En 1882, Mme Agar fut engagée à l’Ambigu pour créer la comtesse Boleska des Mères ennemies, de Catulle Mendès. Elle fut applaudie dans ce rôle, mais la pièce disparut bientôt de la scène. L’année suivante, elle interpréta avec non moins de succès Marie des Anges de La Glu ; puis en 1884, elle alla donner des représentations en Espagne.

Le 4 septembre 1885, M. Clarette l’engagea comme pensionnaire à la Comédie-Française pour interpréter les grands rôles tragiques. Elle joua dans Phèdre, Les Ouvriers, Hamlet, etc., mais elle ne retrouva plus le succès. « Elle s’était usée à ce terrible métier qu’elle avait fait si longtemps d’imprésario et de premier sujet de tournée, dit M. Sarcey. La voix s’était éraillée, la taille épaissie, le geste alourdi ; belle encore et imposante, mais les défauts accentués ». Elle quitta pour la dernière fois le Théâtre-Français en 1886.

Le 4 juillet 1887, Mme Agar jouait au théâtre les Gobelins, à Paris lorsqu’elle tomba évanouie sur la scène, frappée de paralysie partielle. A partir de ce moment, elle ne fit que végéter. Comme elle était dans un état voisin de la misère, on organisa à son bénéfice une représentation extraordinaire le 24 août 1889. A cette époque, dans l’espoir de rétablir sa santé, elle était allée habiter l’Algérie, où elle est morte. Comme elle avait exprimé le vœu d’être enterrée à Paris, le comité de la Comédie-Française vota la somme nécessaire à l’accomplissement de sa volonté. Le corps de Mme Agar, ramené à Paris, a été inhumé au cimetière Montparnasse le 31 août 1821.


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