Acron

Acron ou Agron

460 Avant J.-C.

Célèbre médecin, à qui plusieurs auteurs donnent encore le nom de Créon, naquit à Agrigente ou Gergenti, ville de Sicile. On dit qu’il se distingua, vers le commencement du trente-sixième siècle, par les leçons de philosophie qu’il donna à Athènes, dans le temps où Empédocle, son concitoyen, y enseignait la même science : c’est au moins le sentiment de Suidas. Mais cet écrivain a confondu Acron avec un autre ; car celui dont nous parlons n’aurait jamais passé pour empirique, s’il eût joint à la philosophie à la médecine. Sa façon de penser n’était assurément fondée sur rien moins que sur les principes qui résultent de cette union ; elle était même diamétralement opposée à celle d’Empédocle, qui tint un des premiers rangs parmi les médecins philosophes. Celui-ci expliquait les symptômes des maladies et les vertus des médicaments par les principes de la philosophie, au lieu qu’Acron soutenait l’inutilité du raisonnement dans la médecine, et s’en tenait uniquement à l’expérience. C’est l’invariabilité de ses sentiments à cet égard, qui l’a fait passer pour fondateur de la secte empirique : on s’est pourtant trompé, puisque cette secte ne fut établie que fort longtemps après lui, et qu’elle doit sa naissance à Sérapion d’Alexandrie, et à Philinus de Cos, qui en furent les chefs dans le trente-huitième siècle.
C’est sur un passage de Pline que l’empirisme revendique Acron comme son fondateur. Voici le texte de cet historien : amia factis ab experimentis se cognominans empiricen, coepit in Sicilia Acrone Agrigentino, Empedoclis physici authoritate commendato. Mais l’autorité de ce passage devient caduque, par là même qu’il y est dit qu’Empédocle a fait l’éloge d’Acron et de ses sentiments. On vient de voir que ces deux personnages étaient bien éloignés d’avoir les mêmes principes ; d’où il paraît, en combinant ce qu’on a dit plus haut, que de même qu’Acron ne s’est jamais donné pour auteur de la secte empirique, il n’a aussi jamais eu Empédocle pour panégyriste. Il est cependant vrai qu’Acron était empirique, mais à la manière des Asclépiades, et sans avoir pris le ton de chef de sectaires. De quelque manière qu’il ait été, il exerça la médecine avec assez de succès et la juste application qu’il fit quelquefois des choses qu’il avait apprises par l’expérience, lui procura la plus grande considération. Ce fut lui qui délivra la ville d’Athènes de la peste qui ravagea la Grèce au commencement de la guerre du Péloponnèse, quatre cent vingt-six ans avant Notre Seigneur. Comme il savait que les Egyptiens avaient la coutume d’allumer des feux dans les rues les rues et les places publiques, pour purifier l’air, il employa le même expédient, et vingt ainsi à bout d’éloigner la maladie.

Acron retourna dans sa patrie dans le dessein d’y finir ses jours, et suivant Diogène de Laërce, il demanda aux Agrigenlins un endroit dans leur ville, pour s’y bâtir un tombeau. Mais le même auteur ajoute qu’Empédocle s’opposa à cette demande, qu’il parla au peuple avec beaucoup de chaleur, et qu’il finit par lui faire voir que la prétention d’un homme à la qualité de premier médecin de son temps n’était point une raison pour enfreindre les anciens usages et accorder la sépulture dans la ville. Telle fut en effet la vanité d’Acron, qu’il n’appuya sa demande que sur la supériorité de son mérite : mais comme le mérite le plus réel se fait comme le mérite le plus réel se fait autant d’ennemis le plus réel se fait autant d’ennemis que d’admirateurs, quand il n’est pas modeste, Empédocle donna un libre cours à sa jalousie et n’écouta qu’elle dans la harangue qu’il fit au peuple. La décision de celui-ci ne fut pas favorable à Acron. Il en fut piqué au vif. Mais il le fut davantage de la conduite d’Empédocle, et surtout de la raillerie insultante qu’il en essuya, lorsque ce médecin philosophe lui demanda quelle épitaphe il voulait que l’on mit sur son tombeau, et qu’il proposa d’y faire graver des vers grecs, qu’on a rendus par les suivants :
Acronem summum medicum, sunimo patre natum
In summa tumulus  summus habit patria.
Daniel Leclerc en a donné cette traduction française : « Acron Agrigentin, le plus éminent des médecins, fils d’un père éminent, git dans ce roc éminent, à l’endroit le plus éminent de sa patrie éminente. » Suidas, qui parle des ouvrages d’Acron, dit qu’il a écrit, en langue dorique, un traité de médecine et un livre sur les aliments les plus convenables à l’état de santé.

MM Bayle et Thillaye. Biographie médicale par ordre chronologique. Paris Adolphe Delahais, 1855


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