Achard Pierre-Frédéric (1808-1856)

Achard arriva de province à Paris en 1834. C’était alors un gros garçon joufflu, la face largement épanouie, qui venait pour débuter au Théâtre du Palais Royal, où sa voix fraîche et sympathique, son jeu franc et comique, sa verve et sa rondeur lui assignèrent de suite une des premières places.

Achard était né à Lyon le 4 novembre 1808 ; son père était un ouvrier tisseur de soie et lui-même avait été canut. Après s’être essayé sur divers théâtres de province, à Grenoble, Saint-Etienne, Lyon, Roanne, Clermont-Ferrand, Lyon (trois ans), sa bonne étoile lui fit rencontrer Déjazet au Théâtre des Variétés, à Bordeaux (1833). C’est alors qu’il se hasarda à venir tâter le public parisien. Il avait vingt-six ans. Ce début eut lieu le 10 juillet 1834, dans Lionel ou Mon cœur Avenir

Voulant perfectionner sa voix et sa méthode, il suivit les cours du Conservatoire, fut élève de Bordogni et de Nourrit et imagina d’égayer les entractes du Palais-Royal par des intermèdes de chant, en alternant avec son camarade Levassor. « Il n’y a pas d’acteur à Paris qui chante le couplet avec plus de volubilité », écrit son biographe Eug. Guinet.
Achard se fit applaudir au Palais-Royal, notamment dans :

  • Le Commis et la Grisette (reprise) 17 juillet 1834
  • La France pittoresque, 24 décembre 1834.
  • Frétillon, 13 décembre 1834.
  • 1834 et 1835, 28 décembre 1834.
  • Farinelli, 17 février 1835.
  • Fich-Tong-Khan, 3 mars 1835.
  • La prova d’un opera seria, 4 juillet 1835
  • Un mariage en province, 28 août 1835
  • L’Aumonier du Régiment, 1er octobre 1835
  • La Tirelire, 5 novembre 1835.
  • Léona, 14 janvier 1836.
  • L’enfant du faubourg, 31 mars 1836
  • Le Colleur, 20 août 1836
  • Riquiqui, 11 mars 1837
  • Bruno le fileur, 31 aout 1837
  • Le Café des Comédiens, 4 novembre 1837
  • Ma maison du Pecq, 14 novembre 1837
  • L’Île de la Folie, 1er janvier 1838
  • Frascati, 13 février 1838
  • La Maîtresse de langues, 21 février 1838
  • Les Enfants du délire, 24 avril 1838.
  • Le Tireur de cartes, 25 mai 1838.
  • Rothomago, 1er janvier 1839
  • Pascal et Chambord, 2 mars 1839.
  • La famille du fumiste, 5 février 1840.

Les frères Cogniard, Théodore et Hippolyte, étaient devenus ses auteurs. Indiana et Charlemagne, pièce à deux personnages, écrite pour lui et pour Déjazet, acquit à ces artistes une popularité considérable.
Ses chansonnettes, dont il mit le genre à la mode, Petit-Pierre, le Moutard de Paris, Fleur des Champs, la Montagnarde, etc.. ne lui valurent pas moins de succès.

Th. Gautier, qui s’est souvent occupé d’Achard, lui reprochait de brûler les planches : « Le Tireur de cartes, écrivait-il en mai 1838, a été très adroitement escamoté. Achard, pressentant l’arrivée de quelque feuilletoniste au diner succinct, mettait les paroles doubles et s’étranglait à force de volubilité. Il y avait autrefois des messes dites de chasseurs, qui duraient à peine un quart d’heure ; les capucins surtout étaient renommés par la vélocité avec laquelle ils dépêchaient l’office divin. Ce vaudeville pourrait s’appeler un vaudeville de chasseurs, car Achard l’expédie en douze ou quinze minutes. Remercions Achard et votons-lui une chose quelconque. »

Du même critique, en mai 1840 : on avait donné au Palais-Royal la Famille du fumiste : « Achard a joué avec cet entrain turbulent, cette volubilité de moulin à vent qui le caractérisent : on dirait qu’il s’est donné pour tâche de débiter le plus de paroles possible en un temps donné. »

Achard quitta le Palais-Royal pour le Gymnase, où il se trouva déplacé. Il y parut dans la Morale en actions (janvier 1845), le Petit homme gris (mars) : « Achard donne à ce personnage, écrit encore Th. Gautier, la volubilité tourbillonnante et l’activité de toupie qui en font un des acteurs les plus assourdissants de l’univers. »
Puis vinrent : le Marchand de marrons (décembre), le Mardi-gras (février 1846), où il se montre « d’une folie étourdissante ». Il faisait alors de nombreuses et fructueuses excursions en province.

Le 17 octobre 1850, Achard rentra au Palais-Royal dans les Deux aigles, puis joua encore dans Une femme qui perd ses jarretières (8 février 1851), la Vie en partie double (15 mars), les Crapauds immortels (10 décembre). Il mourut subitement à Paris, le 13 août 1856, âgé seulement de 48 ans.

En dehors du théâtre, ce gai compagnon, qui fut l’acteur le mieux rétribué du Palais-Royal, était un paisible bourgeois, un bon père de famille et un excellent garde national, comme on disait alors. Il habita longtemps rue Neuve-Coquenard (rue Rodier), où il cultivait un petit jardin de dix pieds carrés, voisinant avec Duvert, le vaudevilliste.

Achard laissa plusieurs fils ; l’un d’eux, Léon Achard, né à Lyon en 1831, fut le chanteur de talent que l’on applaudit à l’Opéra-Comique et à l’Opéra ; un autre, Charles, fut nommé directeur du Conservatoire de Dijon ; un autre s’adonna au commerce : c’est le père de M. Pierre Achard, le jeune premier du Gymnase. M. Frédéric Achard, le créateur de M. Alphonse et l’organisateur depuis 20 ans de tournées dramatiques en Europe, est le frère des précédents, mais eut pour mère Désirée. Il est né à Paris le 4 octobre 1848.

Biographie : Achard, par Eug. Guinot, Galerie Lacauchie. – Notice biographique dans l’Annuaire dramatique de Delhasse, 1840. – Complément de la troupe de Nicolet, par E.-D. De Manne et C. Ménétrier.

Biographie : Histoire de l’art dramatique, par Th. Gautier.

Iconographie : Bibl. nat. Catalogue Duplessis, n°132 :

1.    En pied, de ¾ à droite, costume de théâtre, lith. Par Benjamin.
2.    A mi-corps, assis, de face, costume de théâtre, lith. Par Brunet fils, 1850.
3.    En pied, de face, caric. Lith. Par E. Carjat.
4.    En pied de ¾ à droite, costume de théâtre, gravé par H. Faxardo, d’après Lacauchie.
5.    En buste de ¾ à droite, lith. Par J.P., 1847.
6.    En buste de ¾ à droite, lith. De Gubian, 1838.
7.    En buste, de face, grav. Par Harent, 1841.
8.    En pied, de face, costume de théâtre, lith. Par A. Lacauchie.
9.    A mi-corps, assis de ¾ à gauche, lith. Par Menut Adolphe, 1838.

Dantan fit un buste en plâtre d’Achard, le représentant dans son costume de l’Enfant du faubourg.
L’encyclopédie théâtrale (inachevée) a donné aussi un portrait d’Achard dans Indiana et Charlemagne.

Dictionnaire des comédiens Henry Lyonnet, 1912


 

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