Accuser
Accuser le nu, faire que l’on distingue, que l’on aperçoive, sous leur enveloppe, la forme, la disposition et le mouvement des parties de la figure que le vêtement recouvre.
Pour accuser le nu sous les draperies, il faut après avoir conçu, ou, mieux encore, après avoir dessiné correctement le modèle nu, ajuster le vêtement de manière que le jet et le mouvement des plis soient conformes à la disposition et au mouvement de la figure, et que par intervalle, la draperie, tombant et s’appliquant d’elle-même sur les parties saillantes, se prête exactement à leur forme, et n’ajoute presque rien ou même absolument rien à leur volume.
En effet, les plus grands peintres ont souvent pris le parti de faire abstraction en quelque sorte de l’épaisseur de la draperie, tellement que les parties de nu qu’ils ont voulu accuser ne diffèrent en rien, quant à la pureté et à la franchise des formes, du nu à découvert. A l’aide d’une fiction presque toujours heureuse, la présence de la draperie n’est indiquée, dans ces endroits, que par sa couleur différente de celle de la peau. Les sculpteurs font de même ; ils ne donnent presque pas ou même point du tout d’épaisseur aux draperies, dans les endroits où le nu doit être accusé. Les unes et les autres n’ont pas craint quelquefois d’user de cette fiction à l’égard d’enveloppes qui l’admettent moins facilement encore que les draperies. Telles sont, dans un grand nombre de tableaux, ces cuirasses malgré lesquelles tout le système musculaire du torse s’aperçoit avec le même détail, et aussi exactement que si la figure était nue. La sculpture elle-même fournit quelques exemples de cette espèce d’armure idéale (Voir draperie)
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures.. Librairie G. Baranger fils, 1911
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