Accord

Dictionnaire de musique Michel Brenet, 1936

Superposition (dans une même valeur rythmique) de plusieurs sons, soit joués simultanément (accord plaqué), soit joués successivement (accord brisé ou arpège).

Nom masculin
1. Réunion coordonnée de plusieurs sons entendus simultanément. La constitution des Accords, leur enchaînement, la place qu’ils occupent et le rôle qu’ils remplissent dans le discours musical constituent l’Harmonie (Voyez ce mot). Examinés isolément, ils se classent d’après le nombre des sons différents dont ils se composent. L’Antiquité ne pratiquait pas d’accords, mais seulement des intervalles de deux sons, redoublés ou non. Le moyen âge et la Renaissance firent usage des Accords de trois, puis de quatre sons. L’art classique, du XVII° siècle au XIX° siècle, se rendit maître des accords de cinq sons. L’époque contemporaine, depuis 1850 environ, poussa ses conquêtes jusqu’à l’accord de sept sons, dans lequel s’associent les 7 degrés de la gamme diatonique. Cette progression se résume en un tableau :
Les Accords existent à l’état fondamental et à l’état de renversement. Tout accord à l’état fondamental se compose d’une série ininterrompue de tierces superposées, dont le son le plus grave est appelé fondamental ; l’accord à l’état de renversement est celui dans lequel l’ordre des intervalles a été intervertir, et le son fondamental transporté à une situation autre que la plus grave. La division des accords et accords consonants et dissonants a varié d’époque en époque le concept de la dissonance (Voyez ce mot). Le traité de déchant en langue vulgaire, du XIII° siècle, qu’a publié Cousemaker, faisait du mot accord le synonyme de consonance. AU XVI° siècle on nomme triade harmonique, trias harmonica, l’Accord parfait majeur, accord par excellence, regardé comme le seul absolument consonant, puisqu’il n’est formé que d’intervalles consonants (tonique ou fondamentale, tierce majeure et quinte juste) et parce que la nature elle-même le fournit dans les premiers harmoniques (Voyez Sons harmoniques). Il apparaît à l’état pur sur le 1er, et le 4ème et le 5ème degrés de la gamme diatonique, laquelle se trouve contenue tout entière dans les notes qui forment ses trois répétitions et, de nos jours, l’accord de 7 sons :

 

 

Tout le système de Rameau est édifié sur ce fait. Avec l’accord parfait majeur, les théoriciens classiques admettent comme consonants l’accord parfait mineur (tonique, tierce mineure et quinte juste) et celui de quinte diminuée (tonique, tierce mineure et quinte diminuée). Mais dès ce temps les opinions divergent quant aux dénominations des accords, et aux degrés sur lesquels il est licite d’employer tel ou tel d’entre eux. La terminologie de Rameau : accord de petite et grande sixte, de fausse quinte, etc., ne tarde pas à être abandonnée ; Fétis essaye d’appeler accord de quinte mineure l’accord de quinte diminuée. La généralité des auteurs adopte cependant les noms d’Accord de sixte, pour le premier renversement de l’accord de trois sons, dans lequel la tierce du son fondamental est transportée à la basse, d’accord de quarte et sixte, pour le 2° renversement où la quinte se trouve portée à la basse, et d’accord de quarte augmentée et sixte, pour le même état de l’accorde de quinte diminuée. Les même théoriciens qualifient dissonants tous les accords de 4 sons et au-delà, et distinguent l’harmonie dissonante naturelle, où les accords peuvent être employés sans préparation, de l’harmonie dissonante artificielle, qui exige une préparation. Ils rangent dans la première catégorie les accords de 7° de dominante (accord de 4 sons formé de l’accord parfait auquel on ajoute la 7° mineure), de 7° de sensible (accord de 9° de dominante privé de sa fondamentale) appelée dans le mode mineur accord de 7° diminuée, et l’accord de 9° dominante privé de sa fondamentale (accord de 7° de dominante, auquel on ajoute une 9° majeure ou mineure). A une époque plus rapprochée de nous, dont le traité de Gevaert (1907) résume les nouvelles vues, on admet quatre espèces d’accords de 9° avec deux variantes pour les 1re et 2e espèces, selon que la 9e est majeure ou mineure :

 

 

Les règles anciennes quant au choix des accords selon les degrés de la gamme et à l’obligation de les préparer et de les résoudre ne contraignent plus la hardiesse des compositeurs contemporains chez lesquels s’élargit à l’infini l’horizon des sonorités. En dressant un tableau de 303 combinaisons de trois à sept sons réalisables dans le seul mode diatonique majeur et sans emploi d’intervalles altérés, A. Vinée (1909) a voulu démontrer l’impossibilité de dénommer individuellement tous les accords susceptibles de se produire, et il a proposé un classement basé sur le nombre des dissonances avec les titres d’accord bidissonants, etc.
Indépendamment de leur constitution, on nomme ou on a nommé accords arpégés ou brisés ceux dont les intervalles sont entendis successivement (Voyez Arpège) ; Accords homophones ceux qui, étant composés des mêmes sons, prennent dans le tissu harmonique des acceptions différentes ; Accords mixtes ceux qui dans la modulation, appartiennent à la fois au ton que l’on quitte et à celui où l’on va ; Accord par emprunt (Rameau) ou par substitution (Fétis) ceux qui changent de nature par le changement d’un de leurs intervalles ; Accord par prolongation ceux qui se forment par une augmentation de durée d’une ou plusieurs notes appelées à faire partie de l’accord qui les suit ; Accords plaqués ceux dont tous les sons sont attaqués simultanément ; Accords transitifs ou de passage ceux qui servent de liaison entre deux tonalités.

2. Point où doivent être réglés les tuyaux ou les cordes d’un instrument pour rendre le son voulu dans toute sa pureté. A l’orgue, l’Accord des jeux bouchés se fait par le déplacement du tampon ou de la calotte qui couvre leurs tuyaux ; l’Accord des jeux à bouche, par la perce d’une fenêtre à hauteur convenable dans la longueur du tuyau, que l’on ferme plus ou moins par le moyen d’une lame d’étain ou de bois, selon que les tuyaux sont de métal ou de bois, etc. Au piano et dans tous les instruments à cordes, l’accord se fait en augmentant ou relâchant la tension des cordes, par le moyen des chevilles. Le point de départ de l’accord pour tous les instruments est le la de 870 vibrations simples, dit la du diapason normal. Les accordeurs de pianos et d’orgues partent de ce son pour établir la partition, ou succession alternée de quintes et d’octaves servant par leur enchaînement à fixer tous les sons intermédiaires. A l’orgue, on établit habituellement la partition sur le prestant, auquel on se rapporte pour l’accord des autres jeux

Dictionnaire de musique, Michel Brenet, 1936.

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