Abu Hassan
Opéra bouffe en un acte
Livret de Franz Karl Hiemer, d’après un conte des Mille et Une Nuits, « Le dormeur éveillé ». Une Nuits, « Le dormeur éveillé ».
Musique de Carl Maria von Weber
Création : 4 juin 1811, à Munich (au théâtre Cuvillier)
Personnages
- Abu Hassan (ténor léger, ou lyrique)
- Fatime, son épouse (soprano léger)
- Omar (basse)
- Rôles parlés et chœur
Le compositeur
Weber (né à Eutin, près de Lüberck, en 1786, mort à Londres en 1826), cousin germain de Constance Weber, la femme de Mozart, grandit dans les coulisses des théâtres, au hasard des tournées de la compagnie que dirigeait son père, et reçut une éducation fragmentaire. Ses dons musicaux ne furent nullement précoces, et ses premières œuvres ne révélèrent aucun génie particulier. EN 1804, il obtient le poste de Kapellmeister du théâtre de Breslau : il y découvre un grand talent de chef d’orchestre, et perfectionne celui de pianiste. Ses séjours successifs au Wurtemberg, à Mannheim, puis à Darmstadt, où il déploie une activité de critique, le conduisent enfin à Prague, où il est engagé comme Kapellmeister du théâtre jusqu’en 1916 ; il devient alors, jusqu’à sa mort, directeur de l’Opéra allemand de Dresde.
C’est pendant les dix dernières années de sa vie que Weber a composé ses grands ouvrages dramatiques : le Freischütz, en effet, ne fut créé qu’en 1821, et fut l’un des plus grands triomphes qu’ait jamais connu un musicien. Mais Peter Schmoll date de 1803, et Abu Hassan de 1811 ; Preziosa (1821) n’est en réalité qu’une pièce avec musique, tandis qu’Euryanthe (1823) est un grand opéra romantique ; Obéron, enfin, fut crée avec succès en 1826, quelques semaines avant la mort du compositeur… Weber laissa deux compositions inachevées, Rübezahl et Die Drei Pintos (le Trois Pintos), que Malher devait terminer et orchestrer (création posthume, en 1888). Avec le Freischütz, Weber a créé le modèle de l’opéra national allemand, exerçant une influence profonde sur la génération suivante, en particulier sur Wagner.
L’œuvre
Abu Hassan fut composé bien avant sa première représentation ; Weber n’avait alors que dix-sept ans. Cette œuvre de jeunesse est une délicieuse turquerie, dans la lignée de l’Enlèvement du sérail de Mozart ; l’amusant livret raconte les ruses imaginées par un jeune couple pour échapper à la meute des créanciers et pour berner le prétentieux Omar, obligeant prêteur, puisqu’il exige en guise d’intérêts les faveurs de Fatime !
La partition, pétillante, fourmille d’idées musicales : elle n’est pas plus « orientale » que celle de l’Enlèvement au sérail (auquel elle emprunte ses cymbales et sont triangle) ; elle se contente d’être inventive, évite le « pittoresque » convenu, emprunte à la fois les sentiers du rêve et du cocasse. Chaque détail instrumental est merveilleux : ainsi, l’accompagnement du premier air d’Abu Hassan où interviennent deux guitares et le basson, et l’air nostalgique de Fatime dont la voix s’enlace à celle du violoncelle… Le chœur des créanciers, « Geld, Geld, Geld ! » - Le premier numéro de la partition que Weber écrivit -, est traité avec un esprit inimitable et les airs et duos sont autant de réussites achevées, remarquables par la finesse de l’écriture vocale : tel air tendre d’Abu Hassan a la poésie d’un grand lied schubertien, telle scène de feint désespoir de Fatime préfigure la romance d’Agathe, du Freischütz, enfin la bouffonnerie stylée d’Omar évoque irrésistiblement celle d’Osmin, dans l’Enlèvement au sérail.
Authentique (et méconnu) petit chef-d’œuvre, qui n’a certes pas la verve effrontée d’un Rossini, mais qui semble hésiter entre Mozart et Schubert, Abu Hassan est un joyau rare de l’opéra bouffe à l’orée du XIXe siècle.
Discographie
- P. Schreier (Abu Hassan), I. Hallstein (Fatime), T. Adam (Omar), Orchestre national de Dresde, dir. H. Rögner (1 disque, Eurodisc).
- N. Gedda (Abu Hassan), E. Moser (Fatime), K. Moll (Omar). Orchestre Opéra de Munich, dir. W. Sawallisch (1 disque, Voix de son maître).
La seconde version est infiniment supérieure à la première, très soignée mais sans vie : la direction de Sawallisch est éblouissante, l’interprétation vocale à peu près idéale.
L’opéra par Tranchefort, Le Seuil, 1978.
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