Piano. L’évolution de l’enseignement. Chapitre 3

La transmission de l’art pianistique

Clémenti

Clémenti compose plus de cent sonates et le Gradus ad Parnassum, recueil d’études incontournable pour une bonne éducation musicale et une bonne technique instrumentale. Il émancipe l’écriture et la technique du piano avec des oeuvres pleines de difficultés telles que des "glissendi d’octaves", des gammes rapides de doubles notes, etc.

Il a eu entre autres pour élèves Field (1782-1837) et surtout Czerny, également élève de Beethoven, puis maître à son tour de Liszt. Czerny compose une oeuvre innombrable dont des préludes, fugues et études toujours pratiqués aujourd’hui dans la formation en conservatoire. Dans la lignée de Czerny, il y a Liszt, comme on l’a dit plus haut, ainsi que Leschetizky. Ceux-ci développeront la virtuosité et la brillance du jeu pianistique.

Le premier a un grand rayonnement sur l’histoire du piano, il est extrêmement doué et possède une grande aisance physique vis-à-vis de l’instrument. En tant que professeur, le point fort de ses cours se situe dans la recherche de la meilleure interprétation, en étant très proche de la partition et en relisant uniquement les notes. C’est aux élèves d’argumenter leur façon d’interpréter. Quant au second, Leschetizky, il est reconnu par le milieu musical comme un génie de l’enseignement du piano. Le son revêt pour lui une importance primordiale, non pour satisfaire une beauté narcissique, mais pour servir la musique. La décontraction au clavier est une recherche de chaque instant. Il prépare ses élèves à la scène en leur demandant de jouer face à un miroir.

Chopin

Contrairement à ces deux monstres sacrés, Frédéric Chopin et Clara Schumann appartiennent à l’école de la sensibilité et de l’intériorité musicale.
Chopin se comporte de manière totalement différente avec ses élèves. Alors que ceux de Leschetizky étaient plutôt du type "enfant prodige" ; les élèves de Chopin vont développer la sensibilité d’une manière plus intimiste et deviendront plutôt enseignants à leur tour. Ce compositeur envisage sa pédagogie du piano avec un travail sur le corps : main, poignet, avant-bras, épaule et torse. Il insiste également pour que soit toujours donné un sens musical aux exercices. : "Les exercices ne doivent pas être juste mécaniques. Ils requièrent toute l’intelligence et la volonté de l’élève".

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Quant à Clara Schumann, elle enseigne le piano au conservatoire de Frankfort et c’est pour elle une seconde nature. Elle s’investit toujours avec sincérité auprès de ses élèves. L’une d’entre elles, Mathilde Verne, dit à son propos : "Pour Clara, chaque élève représente un territoire sacré, non seulement pour la musique, mais aussi en tant que personne". Madame Schumann reprend à son compte les méthodes de son père, Herr F. Wieck, avec plus d’humanité et de chaleur dans le contact avec ses élèves.

L’histoire de la transmission de l’art pianistique rappelle "une compression" du sculpteur César. En effet, un entrelacement de conservatoires publics, privés et de professeurs vont former un ensemble à défaut d’un tout, à l’intérieur duquel chacun revendique une paternité.
On peut cependant distinguer trois courants essentiels sous le nom " d’école nationales" voire "nationalistes", ce que justifie le contexte historique.

Chacune de ces "écoles sera décrite dans de prochaines chapitres.

Rédaction. Marc Papillon, Clinique du Musicien, Catherine Bros, professeur de piano.
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