Percussionnistes à mains nues : hémoglobinuries et pigmenturies

Djembé et urines rouges (du sang dans les urines)
Douleurs musculaires, lombagies et hématurie microscopique chez les percussionnistes à mains nues sont des troubles fréquemment rencontrées. L'exigence de cette pratique devrait pris en compte sur le plan pédagogique afin d'éviter l'emergence de ces problèmes de santé chez le jeune percussionniste

Wamali, percussions

Question

Un jeune patient a constaté à deux reprises, après avoir joué du jembé pensant cinq à six heures, l’émission d’urines rouges d’une part, et d’autre part, sans aucune relation, des crampes épigastriques hyperalgiques. Il me signale que ces phénomènes sont parfois constatés chez les musiciens qui jouent fort et longtemps du jembé.


Réponse

Le djembé (ou jembé) est un instrument de musique traditionnel du peuple manding, originaire de l’ouest de l’Afrique, dans la région Wassoulou, laquelle est située à l’est de la Guinée, ainsi qu’à l’ouest du Mali. La popularité de cet instrument à percussion, également souvent désigné de tam-tam, a singulièrement grandi avec l’apparition du rock et de la pop musique, car il a été assez fréquemment adopté par divers groupes orchestraux. Le djembé « classique » est haut d’environ 60 cm et présente, à sa partie supérieure, un diamètre d’environ 38 cm. Son corps est entièrement en bois mais sa face supérieure est constituée par une peau tendue, exactement comme c’est le cas pour le tambour.
 Afin de pouvoir obtenir les sons souhaités, le djembé ne doit jamais être posé sur le sol, durant le jeu musical. Il est en général, suspendu, par une lanière, au cou de l’instrumentiste, lequel reste debout, et le corps de l’instrument est très solidement maintenu entre les deux cuisses du percussionniste, tandis que ce dernier frappe sur la peau tendue uniquement avec ses mains. Selon la technique utilisée, la partie de la main qui frappe et l’endroit de la percussion, des sons différents peuvent être obtenus sur le même instrument, exactement comme sur un tambour. Le schéma permet de se rendre compte de la position exacte du musicien, durant toute la prestation : genoux légèrement fléchis et le tronc un peu penché en avant. Il est évident qu’une telle attitude, maintenue, ainsi que vous le signalez, pendant une période de cinq à six heures, représente l’équivalent d’un effort prolongé. Il n’est nullement étonnant que votre jeune patient puisse avoir des contractures musculaires, en particulier des adducteurs des cuisses, mais aussi de ses divers groupes musculaires, tant abdominaux que spinaux, et des membres. En effet, non seulement le musicien doit maintenir son instrument dans la position voulue, mais il doit surtout l’empêcher de bouger au fur et à mesure qu’il frappe, avec ses deux mains nues, sur la peau tendue.
Il serait évidemment nécessaire de procéder à des analyses concernant les « urines rouges » que vous signalez afin de savoir s’il s’agit d’une hématurie, ou bien d’une simple coloration due aux boissons ingérées, ou à l’alimentation, comme cela apparaît parfois après absorption de betteraves. Il faut savoir que des hématuries de fatigue sont assez souvent signalées, en fin d’effort, dans les sports d’endurance, tels que les courses de fond (10 000 mètres, marathon, triathlon). Dans la grande majorité des cas, aucune pathologie particulière n’est décelée au cours des investigations complémentaires, néanmoins indispensables. Le même phénomène a été retrouvé chez les joueurs de pelote basque à mains nues.
L’hémoglobinurie des percussionnistes à mains nues à été décrite et a fait l’objet de publications étayées dans la revue Médecine des arts et correspond aux mêmes mécanismes qui ont été décrits chez les marathoniens, le joueurs de pelote basque à mains nues.
D’après le Concours médical, 12/02/2000.

En savoir plus

  • Revue Médecine des arts, documentation scientifique et médicale
    •   Hémoglobinurie du percussionniste a mains nues. N° 2, Médecine des arts.
    •   Numéro spécial percussions. N°55
      • Les pathologies des batteurs professionnels.
      • Lombalgies et TMS (troubles musculo-squelettiques) chez les percussionnistes professionnels.
      • Les contraintes musculaires secondaires a la posture et a la gestuelle du timbalier.
      • Les pigmenturies du musicien percussionniste.
      • Les troubles cutanés au niveau des mains chez les percussionnistes.

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