Amusies, réflexion sur la perception de la musique

Perception de la musique

Les amusies ont été étudiées dès la fin du XIXe siècle. Les spécialistes de l’époque retrouvaient de manière régulière qu’un certain nombre d’aphasiques (perte de l’usage de la parole) conservaient leurs capacités musicales. Cette constatation des chercheurs de cette époque signifiait que le traitement du langage verbal ne se faisait pas de la même manière, ni dans les mêmes zones anatomiques que le traitement des sons musicaux.
Les amusies concernant uniquement le défaut de traitement de la musique sont exceptionnelles. Mais les troubles concernant à des niveaux divers des troubles perceptifs auditifs semblent nettement plus importants.

Philippe Ramette, cerveau réfléchissant, bronze, 2002

Perception de la musique

Bernard Lechevalier définit "trois niveaux de perception de la musique et trois niveaux d’altération de la perception musicale correspondants".

 

Trois niveaux de perception musicale
Premier niveau capacité de reconnaître la nature d’un son
Deuxième niveau faculté d’analyser et de comparer les diverses qualités d’un son, reconnu comme musical
Troisième niveau faculté d'identifier l’œuvre entendue

1. Lors d’amusie du premier niveau, le sujet ne reconnaît plus la musique comme phénomène sonore, il confond l’ensemble des sons indistinctement. Une des personnes touchées par ce trouble ne pouvait pas distinguer "un bruit de moteur, la voix de son fils, un instrument de musique".
2. Lors d’amusie du deuxième niveau, le sujet entend normalement les sons, le trouble perceptif est plus sélectif, mais il peut identifier l’œuvre qu’il écoute. Les corrélations entre la clinique et les examens IRM permettent de mieux comprendre et localiser certains éléments de la musique tel le rythme, le timbre, la hauteur, l’intensité et la durée.

Christine Borland,
English falily,
crâne en porcelaine, 1988

Les troubles perceptifs concernant le rythme sont surtout en relation de lésions hémisphériques gauches. Une lésion temporo-pariétale (infarctus cérébral) a pour conséquence sur le plan perceptif de la musique que le sujet ne peut reproduire ni reconnaître les timbres, et donc les mélodies, mais il peut chanter les notes.
La perception du timbre siège dans l’hémisphère dit non dominant. Une lésion de l’hémisphère droit entraîne une non-reconnaissance du timbre des instruments par exemple, mais la reconnaissance de la hauteur, des intervalles, des tonalités est préservée. Dans ce type de lésion cérébrale, le sujet perçoit la musique comme un son "désagréable avec des distorsions sonores".
Les troubles sélectifs de la perception des hauteurs du son ne sont pas fréquents. Wertheim et Botez citent dans une de leur publication le cas d’un "violoniste âgé de 40 ans, droitier, atteint d’une hémiplégie droite avec aphasie mixte modérée, qui perdit l’oreille absolue et se mit à entendre une quarte au-dessus. Il pouvait en revanche solfier et copier les rythmes sans les nommer".

3. Lors d’amusie du troisième niveau, le sujet présente des difficultés d’identification des œuvres. Identifier ne signifie pas seulement nommer une œuvre, mais cela "englobe la reconnaissance sans dénomination verbale, le sentiment de familiarité". L’ensemble des amusies de ce niveau relève de lésions de l’hémisphère dominant (gauche chez le droitier) (de lésions temporo-pariétales dans cette hémisphère).

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