Le toucher et le piano. Chronique d’un professeur de piano N°15

Le toucher du thérapeute, du musicien

Dans cette partie, j’aborderai les différents sens que peut prendre le mot « toucher » sans m’appesantir sur le toucher pianistique à proprement parler, car ce sujet a déjà été très largement traité dans la littérature pianistique.

Le toucher au piano

On appelle « toucher » cette faculté d’appuyer sur une touche et de produire un son plus ou moins fort selon la vigueur du contact (Pascal Le Corre, revue Piano n°12). Définition vraiment basique du toucher pianistique. On parle aussi du toucher, du doigté dans la vie courante et en médecine.
Les scientifiques ont prouvé que, chez les animaux, le contact tactile influence leur comportement. Les petits privés de contact avec leur mère sont plus impulsifs, ils produisent plus de dopamine. Les autres, plus câlinés, sont plus calmes, ils produisent plus de sérotonine, l’hormone du bien-être.
C’est vrai aussi pour les humains, le fait que les enfants français soient moins agressifs que les petits Américains pourrait avoir un rapport avec les câlins dont bénéficient moins les petits Américains (question de culture). Les bébés africains, toujours portés peau à peau sont calmes et apaisés.

Des études prouvent que dans plusieurs domaines, ce contact particulier influence les individus :

  • Un vendeur conclura plus facilement une vente s’il a eu un contact tactile discret avec son client.
  • En médecine, les patients respecteront mieux leur traitement.
  • Dans l’enseignement, l’élève sera plus motivé par son travail scolaire.

Les mots peuvent toujours être maladroits, un contact tactile est direct, il parle de douceur, de complicité. L’odorat et le toucher ne se dégraderont jamais (chez un sujet en bonne santé), alors que le vue baisse dès dix ans, les premières rides apparaissent à vingt ans, la force physique diminue à trente ans ; après trente-cinq ans, le sportif devient vieux et la fertilité diminue, et à quarante ans les premières pertes de mémoire surviennent (Psychologie magazine, octobre 2009). En médecine, le toucher (outre l’examen médical) sera souvent associé au massage : « Le massage permet d’entrer en contact avec les parties les plus anciennes de notre cerveau, là où siège notre conscience physique et émotionelle […], c’est vrai aussi pour le sport, le yoga, la danse, le taï chi… ».

Certains soignants ont tenté d’aller plus loin.
Ainsi, Anne Ribes, infirmière à la Pitié-Salpétriêre à Paris, tente d’établir un contact avec les enfants autistes par le biais du jardinage. Le contact tactile est extrêmement difficile avec les autistes, soit ils le refusent totalement, soit ils en prennent l’initiative avec parfois une grande force à la limite de la violence. « Ils haïssent le contact direct quand ils n’en ont pas la maîtrise. Le toucher est souvent ressenti comme une agression. Jardiner permet de partager le geste : « Je ne te touche pas mais on touche la même chose, le jardin, les outils, cela permet de tempérer, médiatiser […]. Même partager le geste reste difficile pour eux comme nous autrefois quand on nous tenait la main pour apprendre à écrire ».

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