Le savoir médical du temps de Mozart. Dossier 3

Les médecins

Le monde médical – Formation des médecins et pratiques médicales et chirurgicales à l’époque de Mozart

Mozart dirigeant son Requiem sur son lit de mort
par Mihaly Munkacsy

En Europe 1] [2] [3], sous l’Ancien Régime, le monde médical est divisé en 3 :

  •   Au sommet, les médecins, formés en faculté de Médecine, dotés d’un savoir théorique, soignent les maladies dites « internes » et ont autorité sur les chirurgiens et les apothicaires dont ils contrôlent l’enseignement et la pratique.
  •   Considérés comme des manuels, les chirurgiens, formés dans des Ecoles de Chirurgie, soignent les maladies externes.
  •   Enfin les apothicaires préparent, distribuent et même administrent (sous contrôle médical) les remèdes prescrits par médecins et chirurgiens.

Le statut privilégié des médecins, hérité du Moyen-Age où le travail manuel est dévalorisé au profit du savoir théorique, est au cours du XVIIIe siècle fortement remis en cause par chirurgiens et apothicaires qui souhaitent une meilleure connaissance de leur profession, une plus grande indépendance vis-à-vis des médecins et une plus grande liberté dans leur pratique quotidienne. Les médecins ne cachent pas leur dédain pour les chirurgiens, dont ils envient, par ailleurs, l’organisation professionnelle. Les chirurgiens, ainsi méprisés, n’aspirent qu’à se libérer du joug des médecins.
C’est également à cette époque que se pose la question de « l’exercice légal » : quelle est la limite entre exercice légal et illégal de la médecine ? Quelles sont les conditions qu’un médecin doit remplir pour être autorisé à exercer la médecine ? Comment lutter contre les guérisseurs, les charlatans et les faux médecins ? Les autorités du XVIIIe siècle tenteront de clarifier la situation en procédant à des réformes successives des études médicales, instaurant une série d’examens et stages nécessaires à l’obtention du titre de médecin ou chirurgien. L’édit de Marly, en 1707, ouvre la voie avec l’instauration de 3 niveaux conduisant, après la licence (minimum requis pour l’exercice de la médecine), au titre de « docteur ». Ces licenciés et docteurs ne représentent alors qu’une partie des personnes qui pratiquent la médecine en France, car les campagnes trop pauvres sont laissées à l’écart de l’activité médicale.

Les médecins [4]

Rabelais

La première faculté de médecine fut ouverte à Montpellier en 1220 (Rabelais, Nostradamus…). Au XVIIIe siècle, en France, il existait 18 facultés de médecine qui dispensaient un enseignement médical. A la fin du XVIIIème siècle, la grande majorité des médecins, issus du Tiers-Etat, se trouvent dans les villes où se trouvent les gens riches, car c’est la clientèle qui fait le renom du médecin : le but est d’être médecin d’un « grand ». Les populations rurales, faute de médecin, se tournent donc naturellement vers les charlatans, guérisseurs et autres magnétiseurs du village, dont les soins et remèdes sont moins chers et qui sont en concurrence avec les membres du clergé qui cultivent des herbes médicinales dans leurs presbytères . [5] Ils se soignent également eux-mêmes, parfois aidés en cela par des manuels publiés à leur intention, tels le livret de santé du moine Dom Nicolas Alexandre [5] en 1714 qui se veut inspiré des connaissances et pratiques des campagnes et des acquisitions de la médecine de la fin du XVIIe siècle. Riches et pauvres n’ont donc pas affaire au même type de médecine.
L’enseignement est assuré au XVIIIe siècle au sein des Facultés de Médecine fondées entre le 12ème et le 16ème siècle. [6]
Les études s’effectuent en 3 degrés : le baccalauréat en médecine (3 années) permet d’accéder à la licence (3 mois supplémentaires) puis au diplôme de Docteur en Médecine, après la soutenance de 4 thèses. Les programmes varient d’une faculté à l’autre, et d’un pays à l’autre. L’enseignement repose entièrement sur les concepts d’Hippocrate et de Galien, dispensé par des professeurs enracinés dans leur conservatisme. Il n’est pas question de contact avec les malades.
La suppression des facultés en 1793 en France permet la création des écoles de santé où s’enseigneront à la fois la médecine et la chirurgie, réunis dans leur enseignement et leur pratique. L’enseignement médical se voudra avant tout pratique et effectué au lit du malade. Les médecins du XVIIIe siècle se retrouvent parmi des érudits de toutes disciplines au sein des sociétés savantes qui se multiplient alors en Europe, sociétés qui participent à la création de revues scientifiques.

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