Exposition » Image(s) de danse. Opéra de Paris

Nijinsky dans Shéhérazade,
Georges Barbier ©BMO

La Bibliothèque nationale de France organise du 19 juin 2008 au 11 janvier 2009 une exposition consacrée à la représentation de la danse à travers une centaine de dessins, estampes, photographies, sculptures et tableaux. « Cette exposition témoigne de l’attachement de la Bibliothèque à conserver le patrimoine de la danse dont le fonds est l’un des plus riches au monde », déclare Bruno Racine, président de la BnF.
La danse peut-elle s’accommoder de la représentation graphique, plastique ou photographique ? De nombreux artistes ont pourtant relevé le défi, certains, comme le sculpteur Maurice Charpentier-Mio ou la dessinatrice Monique Lancelot ayant même consacré la quasi totalité de leur production à la danse. Les collections de la Bibliothèque-musée de l’Opéra sont riches d’images de danseurs dans l’exercice de leur art. Sur scène, en répétition, à l’étude, ils ont été dessinés par Edgar Degas ou Serge Ivanoff, peints par Gustave Boulanger ou Jean-Gabriel Domergue, sculptés par Jean-Auguste Barre ou Boris Froedman-Cluzel.
Au début du XXe siècle, la danse devient un thème de prédilection : elle rencontre les préoccupations des artistes de l’Art nouveau qui s’adonnent à l’arabesque et les recherches sur la lumière et la vitesse des Futuristes ou du Bauhaus. Les mouvements de rénovation qui la traversent et le succès public des spectacles de Loïe Fuller, d’Isadora Duncan, des Ballets russes ou des Ballets suédois renforcent encore son attrait. Enfin, les contraintes techniques et artistiques qu’elle impose ne manquent pas de stimuler l’intérêt des photographes d’avant-garde, parmi lesquels Man Ray ou Arturo Bragaglia. Les Archives internationales de la danse – institution pionnière dans la promotion de la danse dont le fonds est aujourd’hui conservé en presque totalité à la Bibliothèque-musée de l’Opéra – leur commande des œuvres présentées en 1933 lors de l’exposition La danse et le mouvement. Au-delà de la restitution du mouvement et de l’expression, elles illustrent bien les propos que tenait Maurice Béjart à la photographe Colette Masson : « Photographier la danse est impossible […]. L’intéressant dans la démarche, c’est la rencontre de deux arts : la photographie – la danse – le mouvement, son vertige et sa mort éternisée. Alors la photographie s’envole et devient autre chose que reportage, elle est code, formule, magique, jeu du je".

Germaine-Yvonne Franck,
Jean-Gabriel Domergue
©ADAGP

Réduite jusqu’au milieu du XIXe siècle à quelques positions conventionnelles ou caricaturée à outrance, la transcription du mouvement ne saurait être une fin en soi. L’enjeu de cette iconographie n’est d’ailleurs pas toujours de restituer fidèlement un art mais aussi de traduire le statut social du danseur. Ainsi le roi dansant est représenté pour ce qu’il est socialement.
Les gravures et caricatures de presse reflètent les évolutions de la condition professionnelle et sociale des danseurs, notamment le discrédit qui pèse sur la danse masculine à la fin des années 1820 et l’émergence des premières danseuses solistes – aujourd’hui mythiques – du ballet romantique !:Marie Taglioni, Carlotta Grisi, Fanny Elssler…
Ces représentations ne sont pas toujours exemptes des fantasmes que projette la société sur la danse. L’époque romantique exaltant la virginité féminine montre un corps féminin dansant comme désincarné et flottant dans les airs. Elle l’oppose à son double dans de nombreux ballets, la femme charnelle qui renvoie peut-être à la prostitution à laquelle se livraient certaines danseuses au XIXe siècle. Le fétichisme développé autour du pied de la danseuse est potentialisé par la démultiplication – chargée parfois de connotations homosexuelles – qu’incarne le corps de ballet… La dimension sexuelle de la danse n’est pas non plus étrangère à la stimulation qu’elle exerce sur l’imaginaire des artistes. Au XVIIIe siècle, ceux-ci s’éloignent de la représentation fidèle et transportent danseurs et danseuses de l’Académie royale de musique dans des cadres mythologiques, champêtres ou idylliques. Plus près de nous, certains danseurs, ou leurs imprésarios, nourrissent parfois délibérément cette fascination, tel Diaghilev entretenant soigneusement le mystère autour de Nijinsky (qui n’a jamais été filmé) en faisant ainsi naître un mythe.

Exposition Du 19 juin 2008 au 11 janvier 2009 Bibliothèque-musée de l’Opéra Palais Garnier, place de l’Opéra, Paris 9e Tous les jours, de 10h à 17h (18h du 14 juillet au 1er septembre).
Renseignements 01 53 79 37 40
Entrée :8€-TR:4€ Avec la visite du théâtre
Commissariat Mathias Auclair, conservateur à la Bibliothèque-musée de l’Opéra Pierre Vidal,directeur de la Bibliothèque-musée de l’Opéra


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