Tintoret

Le Tintoret (Tintoret Jacopo Robusti)

Peintre de l’école vénitienne, né à Venise (1512-1594). Son surnom lui vient de la profession de son père, qui était teinturier (tintore). Il suivit les leçons du Titien et s’assigna pour idéal « d’unir au coloris Vénitiens le dessin de Michel-Ange ». Les légendes relatives à la prétendue jalousie de son maître et aux anecdotes répandues soit sur son amour de l’argent, soit sur l’avarice de sa femme, l’obligeant à se surmener au détriment de la qualité de son travail, ne repose sur rien de sérieux. Seule, l’exubérance inouïe de son imagination le poussa aux impatiences et aux négligences. La surabondance de sa production s’explique d’ailleurs, doublement par sa facilité presque incroyable et par la longueur de sa vie.

En 1548, le Tintoret achevait, pour l’Ecole de Saint-Marc, son Miracle de l’esclave ou Miracle de saint Marc, aujourd’hui à l’Académie des beaux-arts de Venise. Par son mouvement, la hardiesse de ses raccourcis, la force de son clair-obscur, cette œuvre atteste autant d’observation que d’inspiration. Les églises de Venise, conservent à profusion des tableaux de l’artiste marqués de signes analogues, notamment : la Cène et les Noces de Cana, à Santa Maria della Salute ; la Résurrection, à Saint-Georges-le-Majeur ; la Piscine probatique, à Saint-Roch ; les Prodiges avant le jugement dernier, à Santa Maria dell’Orto ; etc.

Vers la fin de son existence, le Tintoret s’est absorbé en une entreprise décorative véritablement énorme. Il a orné les salles du palais ducal de colossales et multiples peintures d’une extraordinaire invention. Une Gloire du paradis, de 74 pieds de largeur sur 22 pieds ½ de hauteur, couvre entièrement le mur du fond de la salle du Grand Conseil. Le Louvre possède un avant-projet de cette composition unique en son genre. En face du plafond de la Gloire de Venise, de Véronèse, un plafond de Tintoret évoque la même idée avec presque autant de magnificence et le décor se complète par une série de tableaux des victoires des marins et des soldats de la sérénissime république. Dans la salle du scrutin se développe la Bataille et la Prise de Zara sur toute une paroi, les autres étant réservées à des ensembles de portraits. Puis de pièce en pièce (salles des Quatre-Portes, de l’Anti-Collège, du Collège, du Serment, de la Chapelle), se disposent à l’infini des scènes religieuses, des fantaisies mythologiques, des allégories, des portraits encore et des figures ornementales. Tout est si plein, si mouvementé, si ingénieux, d’effet si divers qu’on ne s’aperçoit qu’à la longue des défauts de ces peintures, où l’improvisation a trop de part. On retient des pages telles que : la Justice remettant au doge ses balances et son glaive ; Junon offrant son paon à Venise ; les Fiançailles de sainte Catherine ; les Forges de Vulcain. Il y a là, avec des inégalités frappantes, une surprenante dépense de génies et des parties d’incomparable talent.

Des toiles du Tintoret sont entrées dans les principaux musées d’Europe. Nous noterons à Florence, deux admirables Portraits (Offices à et la Résurrection (palais Pitti) ; à Milan, la Déposition du Christ (Pinacothèque) ; à Munich, l’Adoration des bergers (pinacothèque) ; à Dresde, la Femme adultère (Galerie royale) ; à Saint-Pétesbourg, la Résurrection des saints (Ermitage) ; à Madrid, le Christ déposé de la croix, la Cène, une Bataille fougueuse (Musée royal) ; à Paris, Suzanne au bain, le Christ entre deux anges, le Portrait du maître (Louvre). Nombre de tableaux du Tintoret, peints avec trop de négligence dans le choix des matières, ont noirci ou se sont gravement détériorés ; par exemple, la belle Cène de Madrid.

Iconographie :
Le maître vénitien s’est représenté lui-même plusieurs fois. On possède de ses auto-portraits aux Offices, à Florence ; dans la galerie du duc de Bedfort, en Angleterre, et à Paris, au Louvre. Celui du Louvre, qui le représente dans les dernières années de sa vie est, de beaucoup, le plus saisissant. La couleur a poussé au noir, mais l’œuvre n’a rien perdu de son magnifique caractère. Le Tintoret a été peint par le Véronèse, parmi les musiciens des Noces de Cana, ou figure aussi le Titien (Louvre). Citons le joli tableau de Cogniet représentant le Tintoret peignant sa fille morte (1845), au musée de Bordeaux.
Larousse illustrée, 1900


 

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