Spectacles gratis

On sait l’amour des Parisiens pour le spectacle. Aussi n’est-ce pas d’aujourd’hui qu’on a pris l’habitude de faire intervenir les spectacles gratis dans toutes les grandes réjouissances publiques destinées à célébrer tel ou tel événement mémorable. Naguère, c’était à l’occasion de la convalescence du souverain ou d’un membre de la famille royale à la suite d’une longue maladie, de l’heureux accouchement de la reine ou d’une princesse, d’une grande victoire remportée, de la publication d’un traité de paix, de la fête du monarque, etc., Dès 1722, nous voyons les grands théâtres de Paris donner ainsi des spectacles gratis, au sujet de l’arrivée en France de l’infante reine, et le même fait se reproduire ensuite à des époques indéterminées. Pendant la période révolutionnaire, la Convention établit dans tous les théâtres la coutume de spectacles gratis donnés périodiquement avec cette formule : De Par et Pour le Peuple (Voyez ce mot), et sous le premier comme sous le second empire, ces spectacles devinrent l’accompagnement obligé des réjouissances offertes à la population le jour de la fête du souverain. La République a conservé cette coutume, et chaque année, au 14 juillet, jour fixé pour la grande fête nationale en souvenir de la prise de la Bastille, dont il est l’anniversaire, nos théâtres ouvrent gratuitement leurs portes au public. La coutume est qu’en ces jours de fêtes solennelles, les spectacles soient choisis avec le plus grand soin. On offre au public particulier qui envahit alors les théâtres les meilleures pièces du répertoire, et l’on fait en sorte que ces pièces soient jouées par les artistes qui jouissent de la plus grande renommée. On a remarqué d’ailleurs le grand sens dont font preuve les spectateurs qui assistent à ces représentations, et dont les applaudissements enthousiastes, sans jamais de tromper, ne partent qu’aux bons endroits, soit en ce qui concerne les œuvres offertes à leur appréciation, soit en ce qui touche l’interprétation. Il va sans dire que si ces fameux spectacles sont donnés gratis, ce ne sont point pourtant les théâtres qui en font les frais, mais que ceux-ci sont remboursés par l’État de la recette qu’ils auraient pu faire en donnant leur représentation ordinaire.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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