Sociétés de musique

C’est surtout en Allemagne que les sociétés de musique ont pris un grand développement. La musique n’est cependant pas innée chez le peuple allemand, comme on le croit généralement en France. Elle est plutôt le résultat de l’éducation primaire et du protestantisme. Les enfants des deux sexes prennent chaque jour deux leçons de chant dans l’école publique, qu’ils aient de la voix ou non. Il n’est pas une ville en Allemagne, si petite qu’elle soit, qui n’ait au moins sa société dirigée par un amateur distingué, ou par un maître de l’école primaire. Ces sociétés se composent de jeunes gens et de jeunes personnes dans la fleur de l’âge. Comme on se cotise pour couvrir les frais de l’établissement, chaque membre, homme ou femme, paye un nombre égal de florins par an. Ce fonds sert à acheter de la musique, à payer les copies, le salon où l’on s’assemble, et mille autres choses qui sont à la disposition du directeur. On se réunit une ou deux fois par semaine, et l’on s’exerce à chanter des chœurs et des oratorios. Les sociétés composées seulement d’hommes chantent les quatuors sans accompagnement. Souvent la société est forte de trois ou quatre cents membres. Alors les fonds sont considérables ; les soirées et les bals plus nombreux. Chaque nouveau membre y entre par ballotage et après avoir subi un examen. ; car s’il n’a pas une voix excellente, il faut au moins qu’il soit bon musicien et qu’il sache lire a prima vista. Pour ceux qui ont de la voix, on est plus indulgent, mais on leur enseigne à part des soli. De temps en temps les différentes sociétés se réunissent, soit pour exécuter un grand oratorio au théâtre, soit pour chanter au bénéfice des malheureux. A Francfort, par exemple, le maître de chapelle n’a qu’à donner un ordre, et toutes les sociétés de chant se réunissent au théâtre avec les chœurs, et composent un ensemble d’environ six à sept cents personnes. On voit alors de jeunes bourgeoises rivaliser avec les premiers artistes. Il en est de même des sociétés instrumentales, où les amateurs viennent une fois par semaine pour exécuter les symphonies de Beethoven et de Mozart. ll faut avoir entendu la marche triomphale de Titus, de Mozart, exécutée à Francfort, sous la direction de M. Guhr, maître de chapelle, par trois cents amateurs, cinquante musiciens de l’orchestre du théâtre, cent de la ligne, et cinquante de la garnison autrichienne, tout cela après une seule répétition : on ne se figure pas l’effet produit par ces masses vocales et instrumentales. Qu’on se représente M. Guhr faisant exécuter la création de Haydn par sept cents voix et trois cents musiciens. Il ordonnait, et le lendemain une répétition avait lieu dans l’église Sainte-Catherine, le surlendemain on assistait à la représentation. Tous les printemps on donne des fêtes musicales à Heidelberg, Dusseldorf, Trèves, Mayence, Cologne, Bonn, Carlsruhe et autres villes au bord du Rhin, où six à sept cents chanteurs et cantatrices se réunissent pour exécuter de la musique sévère et religieuse. Un grand compositeur dirige ordinairement les chœurs et l’orchestre, et les premiers artistes se chargent des soli. Les chanteurs font souvent des voyages de trente à quarante lieues, et les habitants de la ville s’engagent à leur donner l’hospitalité. Les sociétés de musique se multiplient aussi en France depuis quelques années, grâce au mouvement musical imprimé par l’Orphéon de Paris aux institutions orphéonistes de la province. Il existe en Belgique d’excellentes sociétés chorales. Les plus renommées sont celles de Bruxelles, d’Anvers, de Liége, et de Gand.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


 

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