Sacrifice

Peinture

Nom masculin
Artifice qui consiste à donner à certains objets d’un tableau moins d’apparence et moins d’éclat qu’ils n’en ont dans la nature, une moindre perfection d’imitation que celle à laquelle il serait au pouvoir de l’artiste d’atteindre, soit pour faire valoir d’autres objets plus importants de la composition, soit afin d’obtenir l’unité d’effet par la subordination de l’effet de chaque objet à celui d’un objet principal : de même que la nature rapprochée de l’imitation, quelque parfaite, si on la rapproche de celle qui l’est moins, nuit à l’illusion de celle-ci. Cependant l’art ne saurait atteindre également bien à l’imitation de toutes sortes d’objets. Il en est qu’il pourrait reproduire identiquement ; tels seraient, pour le peintre, des tableaux suspendus dans l’intérieur d’une Galerie. D’autres, comme les détails de l’architecture de cette Galerie. D’autres, comme les détails de l’architecture de cette Galerie, lui seraient faciles à imiter à peu près parfaitement. Puis viendraient les draperies, qui sont d’une imitation un peu moins facile, et enfin, les figures, les carnations, pour l’imitation desquelles l’art, quoi qu’il fasse, sera toujours de beaucoup en défaut. Si donc le peintre appliquait tout son savoir-faire, toute la puissance de son art, à chacune de ces choses également, il y aurait nécessairement inégalité d’imitation, en raison précisément inverse de l’importance des objets. La perfection d’une partie de l’image trahirait et ferait ressortir l’imperfection de l’autre ; toute illusion deviendrait impossible. Pour prévenir cet inconvénient, l’artiste se défend de porter l’imitation des objets, ainsi faciles à représenter, plus loin que ne peut aller celle des objets dont la représentation est le plus difficile ; en termes de l’art, il sacrifie les uns aux autres. Par un artifice semblable, le peintre sacrifie l’une à l’autre des choses de même nature, telles par exemple, que des figures, en donnant aux unes plus de lumière, de mouvement ou de grandiose, plus de fini, et en présentant les autres dans la demi-teinte, sous des formes moins arrêtées, moins solidement modelées, et sous des couleurs moins éclatantes, suivant qu’il veut concentrer l’attention du spectateur sur les premières et les faire valoir aux dépens en quelque sorte, et par sacrifice des secondes. Les anciens peintres sacrifiaient ainsi sans ménagement, et presque toujours avec grand succès, une partie de leur tableau à l’autre. Cette manière de faire était du goût de gens qui avaient un sentiment vrai de l’art, et du mérite propre à ses productions. De nos jours, que les ouvrages de l’art ne sont plus seulement goûtés et jugés par une élite d’amateurs, mais que la masse du public y veut prendre part et en jouir à sa manière, on exige de l’artiste que tout jusqu’aux moindres accessoires, soit imité du mieux possible ; on applaudit, on exige la perfection dans ce qui est facile à sentir et à juger aussi bien qu’à faire ; l’on ne s’en soucie guère dans ce qui ne peut être apprécié, non plus qu’exécuté, que par le petit nombre des habiles. Les tableaux, même les meilleurs, de l’Ecole moderne, pèchent souvent par trop de fini, la trop grande perfection des parties qu’il eût fallu sacrifier. Voir Salir.
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911


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