Romantique

Adjectif
Se dit ordinairement des lieux, des paysages qui rappellent, à l’imagination, la poésie dont les chants des troubadours ont été l’origine. Situations romantiques, aspect romantique.
Romantique ne se trouve pas dans la plupart des lexiques antérieurs aux vingt dernières années du dix-huitième siècle. Les auteurs de l’Encyclopédie n’en firent pas même le sujet d’un article grammaire. Plus tard, ceux qui remanièrent ce grand ouvrage sous le titre d’Encyclopédie méthodique, en admettant le mot romantique dans le langage de la peinture pour spécifier un sujet tiré d’un roman, ajoutent : « Le sujet d’un tableau peut être tiré d’un roman et, par conséquent, être romanesque sans être traité d’une manière qui ait rien de romantique ; d’agréables bizarreries dans les ajustements, des parures fantasques, d’ingénieuses singularité dans le site, dans la disposition de la scène, ont quelque chose de romantique. Le spectateur sent que ces fantaisies  n’appartiennent ni à l’histoire ni à la vie commune, et il les attribue au roman. Le Benedetti, Santerre, Grimoux, et surtout les Watteau, ont des singularités qui rendent leurs tableaux romantiques. Plusieurs peintres romantiques, tels que Rembrandt, Salvator-Rosa, le Feti, etc. ont porté dans le genre de l’histoire le style romantique. C’est un grand défaut que les agréments qui l’accompagnent ont fait quelquefois pardonner.
« Le mot romantique appartient à la langue anglaise ; plusieurs écrivains français en ont fait usage, et comme il n’y a pas d’équivalent dans cette langue, il mérite d’y être adopté. »
Tels étaient, vers la fin du dix-huitième siècle, l’acception, et, si l’on peut s’exprimer ainsi, l’état en France du mot romantique. Depuis, cette acception s’est fort étendue, et cet état a changé ; il n’est personne aujourd’hui qui n’use du mot romantique ; on l’applique à une multitude de choses, sans néanmoins s’entendre, encore qu’imparfaitement, sur le sens qu’il y faut attacher.
Pour ne nous arrêter ici qu’à celui qu’on lui prête en parlant des arts du dessin, romantique se dit non seulement de certains sujets de tableaux, mais aussi de certaines manières de composer et d’exécuter le tableau.
Par sujet romantique, il semble qu’il faille entendre une aventure, un fait d’armes, quelque événement merveilleux du temps et des lieux où l’on parlait la langue romane, venu jusqu’à nous sous la forme naïve des anciennes chroniques, des romances et des fabliaux, ou des poèmes mélodramatiques orientaux, tout vibrants de passion.
La composition romantique, qui a son application même en des sujets autres que ceux du moyen âge, se distingue par le choix d’un site sauvage ou de quelque intérieur sombre éclairé d’une lumière extraordinaire ; par la rechercher des détails minutieux, l’emploi d’épisodes empruntés des cérémonies populaires, des faits historiques, ou des habitudes de la vie les plus vulgaires, par une affectation du naturel qui se plaît à outrer les mouvements, les passions, les sentiments les plus communs, par une recherche de ce que nous imaginons avoir été la candeur, la simplicité des siècles passés, ou bien la rudesse, la perfidie, la cruauté des temps barbares.
La véritable doctrine de l’Ecole Romantique (1825-1835) est la liberté dans l’art ; cette Ecole s’affranchit de la convention et des traditions dites classiques ; amoureuse du pittoresque, elle substitue le caractère à la beauté.
Paganique et religieuse tout à tour l’Ecole Romantique s’engoue pour l’Orient et la chevalerie du moyen âge, et rompt avec le classicisme.
La technique en est habile, large, puissante ; ses interprétations poétiques, ses compositions expressives, mouvementées et non torturées, la couleur en est remarquable et puissante.
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911

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