Rire (Le) au Théâtre

Rire à la scène

C’est une chose fort difficile pour un comédien que de savoir bien rire en scène, avec éclat et avec naturel, de façon que la gaîté qu’il exprime n’ait rien de factice et se communique à la salle entière, qui doit partager son hilarité et rire avec lui. Je dirais presque que c’est une faculté, et qu’en tout cas c’est une faculté, et qu’en tout cas c’est là une qualité qui ne s’acquiert que par un travail assidu et, on en conviendra, fort difficile à régler.

La première femme qui ait joué les soubrettes au temps de Molière et dans sa troupe, Mlle Beauval, avait ce don du rire au point qu’il en devenait un défaut ; elle riait toujours en scène, cela était passé chez elle en quelque sorte à l’état de tic, et tellement que Louis XIV s’était toujours opposé, pour cette raison, à ce qu’elle fût reçue sociétaire. Mais Molière, qui tenait à Mlle Beauval, trouva moyen, avec son génie, de se servir même de ce défaut : il écrivit pour elle le rôle de Nicole du Bourgeois gentilhomme, et elle produisit tant d’effet dans la scène du rire, au troisième acte, qu’en sortant de la représentation, le roi dit à Molière : « Je reçois votre actrice. » Une autre comédienne fameuse, Mlle Beaumenard, femme de l’acteur Bellecour et connue sous le sobriquet singulier de Gogo, fut célèbre par la façon dont elle savait rire en scène. Ses éclats de rire étaient à la fois si véhéments et si naturels, si pleins d’une véritable gaîté, qu’elle emportait tout le public après soi et faisait littéralement pâmer les spectateurs. De nos jours, on a cité Mlle Augustine Brohan comme l’une des femmes qui savaient le mieux rire au théâtre.

Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885

 

Du latin ridere

Mouvement du visage accompagné d’éclat, et causé par l’expression qu’excite en nous quelque chose de plaisant ou d’agréable. Rien n’est plus ridicule que les comiques qui veulent rire avec le public des mots saillants de leurs rôles. Nous répétons que l’acteur doit constamment oublier qu’il a un public devant lui ; c’est donc un des plus grossiers contre-sens qu’il puisse faire, que de s’avancer, dans certains passages de rôle, vers les spectateurs, comme pour les inviter à bien écouter ce qu’il va dire.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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