Régiment (Musique de)

La musique a été regardée dans tous les temps comme un puissant moyen d’action sur les sentiments belliqueux. Quoi de plus propre, en effet, à seconder l’élan, à échauffer l’enthousiasme du guerrier ? Non-seulement elle l’électrise, l’enflamme et lui fait affronter les périls ; mais elle le délasse des fatigues de la guerre, ou l’aide à supporter patiemment et avec courage les longues marches, les travaux les plus pénibles.
On sait combien est grande, sous ce rapport, l’influence du rythme. Le maréchal de Saxe voulait que l’on fît travailler les soldats au son du tambour et des instruments en cadence. Depuis longtemps, en Europe, la musique de régiment a pris une grande extension, et il n’y a pas aujourd’hui un peuple qui ne possède dans ses armées des corps de musique militaire. C’est en Italie et en Allemagne qu’elle reçut d’abord un accroissement remarquable. Pierre-le-Grand, s’occupant de l’organisation de ses armées de terre et de mer, fit venir en Russie des trompettes et des timbales, des hautbois et des bassons. A chaque régiment il affecta un corps de musique dirigé par un chef, qui, en dehors de ses fonctions, était tenu de choisir parmi les enfants de troupe un certain nombre de sujets, auxquels il devait enseigner un des instruments dont se composait alors la musique militaire. Au moyen de cette disposition, tous les régiments russes furent en peu d’années pourvus de musiciens recrutés dans l’armée elle-même.
Les anciennes musiques des régiments français se sont accrues successivement d’emprunts faits aux milices étrangères. On devait l’arigot ou fifre aux Suisses, le tambour et le basson aux Italiens, la trompette aux Maures de la péninsule, les cymbales et la grosse caisse aux Orientaux ; la cornemuse vient des Anglais, la clarinette et le hautbois sont une importation de l’Allemagne. Toutefois il ne paraît pas qu’en empruntant aux Allemands quelques-uns de leurs instruments, les Français leur aient pris en même temps leur manière d’en jouer ; car Jean-Jacques Rousseau nous apprend que, dans la guerre de 1756, les paysans autrichiens et bava- rois, ne pouvant croire que des troupes réglées eussent des instruments si faux et si détestables, prirent tous les vieux corps pour de nouvelles levées qu’ils commencèrent à mépriser. De nos jours, où l’art musical est parvenu en France à un si haut degré, les musiques militaires des régiments d’infanterie sont restées dans un état d’infériorité en présence de celles d’Allemagne, de Russie, d’Angle- terre et d’Italie. Cependant de notables amélioration sont été introduites dans l’organisation de la musique de ces régiments ; car à la suite des nouvelles adjonctions d’instruments qui eurent lieu sous l’Empire et la Restauration, le nombre des musicien, qui en1807 était de huit seulement, fut porté successivement à douze et à vingt-sept. Nous devons dire que, grâce à l’éducation donnée au Conservatoire de Musique de Paris, de grands progrès se sont accomplis dans cette branche de l’art. Mainte- nant, le chef de musique a rang d’officier, le sous-chef ce lui d’adjudant. La musique des régiments d’infanterie, outre ces chefs, se compose de 5 musiciens de première classe, rang de sergent-majors ; 8 de seconde classe, rang de sergents ; 10 de troisième classe, rang de caporaux, et 15 élèves ayant rang de musiciens de quatrième classe, en tout 40. Pour les régiments de cavalerie, la musique se compose de 4 musiciens de première classe ; 8 de deuxième ; 8 de troisième, et 7 de quatrième, formant un total de 27 musiciens.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique