Récitatif

C’est, dans un opéra, la partie narrative et dialoguée, celle qui relie entre eux les airs et morceaux d’ensemble. J.-J. Rousseau a donné, dans ces termes, une définition très exacte du récitatif : « Discours récité d’un ton musical et harmonieux. C’est une manière de chant qui approche beaucoup de la parole, une déclamation en musique, dans laquelle, le musicien doit imiter, autant qu’il est possible, les inflexions de voix du déclamateur. Ce chant est nommé récitatif, parce qu’il s’applique à la narration, au récit, et qu’on s’en sert dans le dialogue dramatique. » Le récitatif simple doit être accompagné seulement par des tenues, des trémolos ou des accords qui le scandent, de façon que le chanteur ait toute la liberté de son débit, sans avoir à se préoccuper aucunement de la mesure ou du rythme ; le récitatif mesuré doit au contraire, ainsi que son nom l’indique, se resserrer fidèlement dans les bornes de la mesure ; tandis que le récitatif simple n’est généralement accompagné que par les instruments participent quelquefois à l’accompagnement de celui-ci ; enfin, dans le récitatif obligé, qui est accompagné par tout l’orchestre, on voit le chant entremêlé de ritournelles et de traits symphoniques, de sorte que le chanteur et l’orchestre, se répondant mutuellement, sont forcés de s’attendre l’un l’autre. Ce dernier récitatif est souvent d’un effet très dramatique, et il sert assez généralement d’introduction aux morceaux de chant proprement dit.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885

 

Nom masculin
Musique parlée qui sert à lier entre eux les morceaux de chant et les choeurs d’un grand opéra. Il se distingue du chant ordinaire :
1. en ce qu’il fait entendre un accent mélodique tout particulier qui ne sort pas d’un certain cadre d’idées et d’expression musicale dont le caractère lui est propre ;
2. en ce qu’il n’est pas soumis ç une mesure ou à un rythme d’un mouvement déterminé et uniforme ; mais seulement aux lois de la prosodie ;
3. en ce qu’il n’est pas assujetti non plus aux règles du mode, des cadences et de l’intonation ;
4. enfin en ce que l’usage des longues e des blanches y est peu propre, et que les seules figurent de notes qu’on y emploie sont les noires, les croches et les doubles croches.
L’origine du récitatif remonte à la fin du seizième siècle. Son premier introducteur ou inventeur dut Giacomo Peri, qui opéra cette révolution lyrique dans un drame pastoral dont le sujet était Daphné, et qui fut représenté pour la première fois en 1597, dans la maison de Corsi, illustre gentilhomme florentin.
Dictionnaire de musique, Soullier, 1880

 

Un opéra entièrement composé d’airs chantés sans interruption, nous ennuierait et nous fatiguerait à la seconde scène, malgré le charme, la beauté, l’expression qui pourraient se trouver réunis dans ces airs ; pour remédier à ce grave inconvénient, il faut avoir recours au dialogue parlé, ou imaginer un langage de convention qui tienne le milieu entre la parole ordinaire et la parole musicale, un moyen d’union, enfin, qui fasse disparaître ce qui nous choque dans la transition immédiate de la parole au chant. Le récitatif semble remplir toutes ces conditions. C’est une sorte de déclamation notée, soutenue par une basse ou qu’accompagne l’orchestre, et contre laquelle il n’y aurait rien à dire si elle n’était quelquefois, trop souvent même, monotone dans son accentuation, et pauvre dans ses formes musicales, dont les combinaisons sont extrêmement restreintes. Tel qu’il est encore aujourd’hui, le récitatif offre cependant quelquefois des passages remarquables, surtout lorsqu’il est entremêlé de traits de symphonie qui lui donnent de l’expression et lui impriment ce caractère énergique et vrai qui, seul, le rend supportable. Le récitatif, cependant, n’exclut pas l’inspiration, tant s’en faut, et il y a de magnifiques récitatifs dans les chefs-d’œuvre des grands maîtres. Ceux de Gluck seront toujours cités, ceux d’Otello, de Guillaume Tell sont admirables. Il y a deux espèces de récitatifs, celui qui n’est accompagné que par la basse ou le piano, quelquefois par tous les deux ensemble, et qu’on appelle récitatif libre ou simple, et celui qui est accompagné par l’orchestre, et dont les intervalles de repos sont remplis par des traits de symphonie. Il prend alors le nom de récitatif obligé. Les Italiens faisaient autrefois usage du premier, ils ne l’emploient plus aujourd’hui que dans les opéras bouffes ; le second est plus particulièrement usité dans les tragédies lyriques, les drames et les opéras d’un caractère mixte, tels que nos opéras comiques français. Tout le mérite du récitatif réside dans l’expression et l’énergie de l’accentuation.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


 

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