Quintes (leur influence sur la voix)

Une des études les plus essentielles pour assouplir la voix est celle des quintes. Lorsque l’élève peut l’exécuter d’une manière correcte avec toute l’énergie et la netteté convenables, il faut doubler la vitesse du mouvement, et faire dire trois quintes avec la même respiration. Outre les résultats que cet exercice doit faire obtenir quand il est bien dirigé, il en est un qui concourt d’une manière bien essentielle au mécanisme vocal. C’est la puissance de l’inspiration. Comme toutes les autres parties de l’organisation humaine, les poumons sont susceptibles d’habitudes, et, par conséquent, soumis à une sorte d’éducation. Les plongeurs qui se tiennent sous l’eau pendant plusieurs minutes sont, on le conçoit, des hommes dont l’appareil respiratoire est doué d’une grande vigueur ; mais, quelle que soit l’excellence de leurs organes, il ne faut pas croire que ces hommes arrivent tout naturellement à suspendre les mouvements de leurs poumons pendant un intervalle de temps qui paraîtrait fabuleux à ceux qui n’en ont pas été témoins ; ils ne parviennent au dernier degré de leur art qu’au moyen d’exercices gradués, par lesquels ils obtiennent peu à peu de leurs poumons toute la puissance inspiratrice dont ils sont susceptibles. Il est juste de dire que les vigoureux poumons d’un individu arrivé à tout son développement organique, n’ont besoin d’aucune extension pour suffire à la longueur d’expiration que nécessite l’exécution des trois quintes dont nous venons de parler. Mais chez les sujets moins développés ou moins favorisés par la nature, l’appareil respiratoire peut paraître au premier abord défectueux, sans qu’il le soit en effet. Il faut les habituer peu à peu à donner à leurs poumons l’extension normale de toutes leurs facultés. Pour arriver à ce but, la tenue d’une note serait insuffisante ; il faut une succession de sons, telle que les quintes ascendantes ou descendantes. Mais cet exercice exige de la part du maître une prudence qui est en quelque sorte du domaine de la médecine ; car il y a dans la nature humaine des limites qu’on ne peut franchir sous peine de mort, et qu’il faut cependant atteindre pour obtenir d’indispensables résultats. Le moindre abus, provenant de l’inexpérience du maître et des efforts exagérés de l’élève, peut entraîner, même dans de bonnes organisations, des désordres dont le moindre effet est l’affaiblissement et la perte de la voix. On voit, au résumé, combien l’étude des quintes est essentielle, puisque ses résultats sont d’assouplir la voix avec une merveilleuse promptitude, de donner au trait son véritable caractère de netteté et d’énergie, d’égaliser toutes les notes de la voix, et d’habituer les poumons à fournir de longues expirations.
En harmonie, la grammaire musicale défend la succession immédiate de deux octaves et de deux quintes par mouvement direct. Cependant dans une composition à quatre parties, elle peut tolérer quelquefois deux quintes successives par mouvement contraire ; mais elle ne permet deux octaves par mouvement contraire que dans les morceaux à cinq parties ou à plus de cinq ; il faut, en outre, que ces octaves se trouvent entre les voix intermédiaires, ou tout au plus entre une voix extérieure et une voix intermédiaire. On défend les deux octaves par mouvement direct, parce que c’est une pauvreté qui n’ajoute rien à l’harmonie. On défend les quintes, parce qu’elles produisent une dureté.

Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


 

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