Plan

Théâtre

Le plan d’œuvre dramatique en constitue la charpente complète, avec toutes les situations, tous les incidents, tous les effets scéniques qui doivent se produire au cours de l’action imaginée par le poète ; c’est comme l’esquisse, le tracé complet d’un tableau, auquel il ne manque que la couleur, les oppositions de la lumière et des ombres pour produire sur l’œil du spectateur l’impression que le peintre espère en obtenir. De même il ne manque au plan d’une tragédie, d’une comédie, d’un drame, que le dialogue qui mettra chaque chose à son point, chaque personnages en son relief, et décuplera la puissance de la fable mise en scène et en action par l’écrivain. « Il faut bien discerner, dit Chamfort, le moment où l’action doit commencer et où elle doit finir ; bien choisir le nœud qui doit la dénouer : considérer de quels personnages secondaires on aura besoin pour faire briller le principal, bien assurer le caractère qu’on veut leur donner. Cela fait, on divise son sujet par actes, et les actes par scènes, de manière que chaque acte, quelques grandes situations qu’il amène, en fasse attendre encore de plus grandes, et laisse toujours le spectateur dans l’inquiétude de ce qui doit arriver, jusqu’à l’entier dénouement. Le premier acte est toujours destiné à l’exposition du sujet ; mais dans les autres, il est de l’art du poète de ménager dans chacune des situations intéressantes de grandes troubles de passions, des choses qui fassent spectacle. En conséquence, il distribue les scènes de chaque acte, faisant venir, pour chacune, les personnages qui y sont nécessaires, observant qu’aucun ne s’y montre sans raison, n’y parle que conformément à sa dignité, à son caractère, et n’y dise que ce qui est convenable et qui tend à augmenter l’intérêt de l’action. Les parties du drame étant ainsi esquissées, ses actes bien marqués, ses incidents bien ménagés et enchaînés les uns aux autres, ses scènes bien liées, bien amenées, tous ses caractères bien dessinés, il ne reste plus au poète que les vers à faire. C’est ce que le grand Corneille trouvait de moindre dans une tragédie. Quand l’échafaudage d’une de ses pièces était dressé, qu’il en avait le plan bien tracé, ma pièce est faite, disait-il, je n’ai plus que les vers à faire. »
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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