Patrons prosodiques et émotions
Plusieurs auteurs, dont Léon (1971), ont décrit des patrons prosodiques liés aux émotions exprimées. Par exemple l’intensité phonique du patron mélodique évoque directement l’intensité de l’émotion exprimée. Le rythme, avec ses changements de débit, ses accélérations ou décélérations, reflète les mouvements d’humeur d’un locuteur. Un registre haut du patron mélodique suggère des émotions légères ou gaies tandis qu’un registre bas suggère la gravité ou la tristesse. Cependant, si le contour du patron mélodique permet d’aider à la reconnaissance de l’émotion exprimée, il n’est pas suffisant en lui-même pour en juger. En effet, différentes émotions peuvent avoir un patron mélodique similaire.
Description de quelques émotions : (d’après la classification de Davitz)
- Colère :
La colère est caractérisée par une forte intensité, un débit rapide, un rythme irrégulier. La hauteur est considérée comme haute et le contour prosodique a pour forme des dents de scies irrégulières.
- Joie :
De même que pour la colère, il y a une forte intensité, un débit rapide, un rythme irrégulier, une hauteur considérée comme haute. Par contre, le contour prosodique diffère : il est montant.
- Tristesse :
La tristesse est caractérisée par un débit lent, des pauses irrégulières dans le rythme et un contour prosodique descendant.
- Peur :
La peur est caractérisée par une intensité et des écarts mélodiques faibles, et un contour prosodique en forme de paliers progressivement ascendants.
Léon (1993) ne parle pas tout à fait de prosodie linguistique et émotionnelle. Pour lui, il existe des indices identificatoires, dits linguistiques, donnant des informations sur le locuteur (sociales, sexe, âge, etc.) et des indices dits sémiotiques traduisant l’état émotionnel et les intentions communicatives d’un locuteur.
Johanna BOUILLET, Marie PEDRON
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