Parodie

s. f.
Air de symphonie dont on fait un air chantant en y ajustant des paroles. Dans une musique bien faite le chant est fait sur les paroles, et dans la parodie les paroles sont faites sur le chant : tous les couplets d’une chanson, excepté le premier, sont des espèces de parodies ; et c’est pour l’ordinaire ce que l’on ne sent que trop à la manière dont la prosodie y est estropiée. (Voyez Chanson.)
Dictionnaire de musique, Jean-Jacques Rousseau, 1767

 

C’est ajuster à un air de chant de nouvelles paroles, dont le sens n’a souvent pas le moindre rapport avec celles qu’il y avait d’abord. Il suffit que le parodiste se conforme au caractère des morceaux de musique, et s’applique surtout à calquer son dessin sur celui du musicien, pour qu’il y ait une parfaite concordance entre les images. Le mot parodie en musique n’a aucun rapport avec la parodie qu’on représente au théâtre, et qui est l’imitation grotesque, bouffonne et critique d’un drame sérieux.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

 

nom féminin, du Grec "contre" et "chant".
Air sur lequel on a ajusté des paroles.
Par extension, travestissement burlesque d’un opéra ou autre drame sérieux quelconque.
Dictionnaire de musique, C. Soullier, 1880

 

La parodie est l’imitation burlesque d’une pièce sérieuse, dans laquelle on fait en sorte de tourner du côté comique les situations les plus dramatiques, soit en faisant ressortir et en exagérant les défauts de l’œuvre parodiée, soit en prenant la contre-partie du sujet, soit enfin par tous les moyens que la fantaisie et d’esprit mettent au pouvoir d’un imitateur volontairement ridicule. La parodie, au dix-huitième siècle, obtint des succès retentissants et répétés sur les théâtres de la Foire, dont elle défrayait en grande partie le répertoire, ainsi qu’à la Comédie-Italienne. Il ne se donnait pas un ouvrage à l’Opéra sans qu’il en parut aussitôt une, deux, trois, quatre parodies. Favart, Piron, Panard, Le Sage et d’Orneval, Dominique et Riccoboni, Romagnesi, en ont écrit de charmantes. Certains exemples de parodies sont assez curieux, et présentent des particularités originales. En 1721, deux écrivains à la Comédie-Française une tragédie intitulée Égiste, une parodie en est jouée peu de jours après aux Marionnettes sous les noms de Braillard et Sagouineau. En 1723, De Lisle, après avoir fait représenter au Théâtre-Français le Banquet des sept Sages, comédie en 3 actes, parodie lui-même sa pièce, c’est un pas de danse qu’on parodie à ce dernier théâtre : « Le Pas de six comique, parodie du Pas de six exécuté à l’Académie royale de musique, représenté sur le Théâtre-Italien. » En 1753, Vadé donne à la Foire Saint-Germain ‘le Rien, parodie de Toton et l’Aurore. » Précédemment, Piron avait donné sous ce titre : les Huit Mariannes, une parodie de huit pièces intitulées Marianne. Il y a soixante ou soixante-dix ans, nos théâtres de vaudeville étaient très fertiles en parodies, et Dumersan, Désaugiers et quelques autres obtinrent de nombreux succès en ce genre. Le mouvement romantique de 1830 ne pouvait manquer d’exciter la verve des faiseurs de parodies, et ceux-ci s’exercèrent particulièrement sur les drames de Victor Hugo : Lucrèce Borgia fit naître l’Ogresse Borgia, « médecine en cinq doses ; » Marion Delorme devint d’un côté Marionnette, de l’autre la Gothon du passage de l’Orme ; Hernani fut transformé en Harnali ou la Contrainte par cor, et Angelo, tyran de Padoue en Cornaro, tyran pas doux. Aujourd’hui, on a perdu le sens de la parodie ; de fine, spirituelle et amusante qu’elle était naguère, elle est devenue niaise, bête et vulgaire. Aussi le genre en a-t-il disparu presque complètement.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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