Orgeat, limonade, la Bière !

De tout temps il y a eu dans les théâtres des vendeurs de rafraîchissements, et Chapuzzeau, dans son Théâtre-Français (1674), donne à ce sujet de curieux renseignements : La distributrice des liqueurs et des confitures, dit-il, occupe deux places, l’une près des loges, et l’autre au parterre, où elle se tient, donnant la première à gouverner par commission. Ces places sont ornées de petits lustres, de quantité de beaux vases et de verres de cristal. On y tient l’été toutes sortes de liqueurs qui rafraîchissent, des limonades, de l’aigre de cèdre, des eaux de framboise, de groseille et de cerise, plusieurs confitures sèches, des citrons, des oranges de la Chine ; et l’hiver on y trouve des liqueurs qui réchauffent l’estomac, du rossolis de toutes les sortes, des vins d’Espagne, de la Scioutad, de Rivesalte et de Saint-Laurens. J’ai vu le temps que l’on ne tenait dans les mêmes lieux que de la bière et de la simple tisane, sans distinction de romaine ni de citronnée : mais tout va en ce monde de bien en mieux, et de quelque côté que l’on se tourne, Paris ne fut jamais si beau, ni si pompeux qu’il l’est aujourd’hui. Ces distributrices doivent être propres et civiles, et son nécessaires à la Comédie, où chacun n’est pas d’humeur à rester trois heures sans se réjouir le goût par quelque douce liqueur… Aujourd’hui, nos théâtres les plus importants ont dans leur foyer public un buffet, où les plus exigeants peuvent trouver ce qui leur convient. Dans les théâtres populaires, la salle retentit, durant les entractes, de ce cri bien connu : Orgeat, limonade, la bière, sirop de groseilles ! poussé par deux ou trois industriels qui promènent, de place en place, un panier chargé de rafraîchissements, de bonbons, d’oranges, de sucres d’orge, etc., et qui débitent ces marchandises à un prix modéré. On voit la même chose en Italie, où dans les petits théâtres, des gamins à la voix piaillarde vous offrent des dolci (douceurs), composées d’oranges, de gâteaux communs, et même de cigares, car il est des théâtres où l’on fume.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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