Oreille absolue dévoilée

Des avantages et des inconvénients

L’étude de Chouard met en évidence dans son étude deux particularités

1. L’incidence d’oreille absolue retrouvée dans les populations françaises était nettement supérieure à l’étude anglo-saxonne de J. Profita.
Il nous semble qu’elle pourrait s’expliquer en partie par l’habitude qu’ont certains peuples, anglais ou allemands par exemple, de nommer les notes la, si, do, etc. par les lettres A, B, C, etc. Or, beaucoup de nos musiciens ont rapporté au Pr Chouard les difficultés qu’avaient leurs confrères anglo-saxons à « voir » les notes, lorsqu’ils les jouaient ou lorsqu’ils les imaginaient, à cause de cette détermination par des lettres, comprenant et enviant la facilité des musiciens latins ou slaves à « voir » des notes qui possédaient un véritable nom.
Cette hypothèse, qui expliquerait cette plus grande rareté apparente de l’OA chez les peuples anglo-saxons, est étayée par le travail de Hubbard [7] qui a montré le rôle de la formulation imagée dans l’analyse et la perception musicale.

2. Si l’utilité de l’OA dans le métier de musicien est évidente à tous ceux qui la possèdent, les musiciens avec l’OA plus sensibles sans doute que les autres, comme Zwang l’a souligné, semblent aussi souffrir davantage des dissonances. Le Pr Chouard a aussi remarqué que beaucoup d’OA se plaignent des variations, notamment baroques, du diapason. Mais en outre, passée la soixantaine, tous les musiciens avec OA qui ont répondu à ce questionnaire se sont plaints des méfaits de l’âge, qui entraîne une élévation d’un 1/2 ton ou plus de la sensation perçue par rapport au signal sonore réel. Aucune OR n’a décrit ce phénomène, signalé aussi pour les OA par Ward et par Profita. Il s’explique vraisemblablement par la localisation à la base de la cochlée des atteintes initiales de la presbyacousie.
« Pour ceux qui ont l’oreille absolue (OA), la reconnaissance des notes est aussi évidente que celle des couleurs, qui elle aussi, mais à un bien moindre degré, nécessite éducation et mémorisation. Ce facteur inné, sans doute héréditaire, n’est pas un caractère présent ou absent, mais une grandeur variable, dont nous pensons que la mesure de l’écho des OEP est un bon reflet. L’étude de cette disposition, qui ne devient un don que si elle est exploitée, mérite d’être poursuivie. »

D'après Claude-Henri Chouard. Bull. Acad. Natle. Méd., 1990,174, n° 1, 17-28, séance du 9 janvier 1990

Bibliographie

[1] BONFILS P., UZIEL, A., PUJOL, R. — Les otoémissions acoustiques. 1 Les otoémissions provoquées une nouvelle technique d'exploration fonctionnelle de  la cochlée. Ann O L, 1987, 104, 353-360.
[2] BONFILS., P. BERTRANY, D., UZIELA. Evoked otoacoustic emissions: normativedata and presbycusis. Audiology, 1988, 27, 27-35.
[3] BRAY, P., KEMP, D. T. An advanced cochlearecho technique suitable for infant screening. Br. J. Audiol.Audiology,1987,21, 191-204.
[4] KEMP, D. T. Cochlearechoes: implications for noise induced hearing loss. In New Perspectives on Noise Induced Hearing Loss. HAMERNIRK. P., HENDERSODN., and SALVIR Editors, New York: Raven Press, 1982.
[5] KEMP, D. T., BRAY, P., ALEXANDLE, L. Practical implementation of the cochlearecho test. Annales Otorrinolaringologica, 1, 986,1-2, 67-80.
[6] KEMP, D. T. Developments in Cochlear Mechanics and Techniques for non invasive évaluation. In Measurement in Hearingand Balance—HOKEM., Editor—Basel: Karger, 1988.
[7] HUBBART, D. L., STOECKKI, G. Musicalimagery: generation of tones ans chords. J Exp Psychol Learn Mem Cogn, 1988,14, 656-667.
[8] LONG, G. R., TUBISA. Modification of spontaneous and evoked otoacoustic emissions and associated psychoacoustic microstructure by aspirin consumption. J Acoustic Soc Am, 1988, 84, 1343-1353.
[10] WARD, W. D., BURNE, M. Absolute Pitch. In The psychologyof music. DEUTSCH, D., Editor, New York: Academic Press, 1982.
[11] ZWANG, G. — L'oreille absolue et le diapason dit baroque. Rev. Mus. 368-369. Paris: Pichard Masse, 1984.
[9] PROFITA, J., BIDDERT. G. Perfect Pitch. Am J Med Genet, 1988, 29, 763-771.

Notes
(echo automatique fourni par l’appareil en réponse à une stimulation supraliminaire constituée d’un click stabilisé quelle que soit la forme du conduit auditif externe à 30 dB SPL)


Médecine des Arts®    
715 chemin du quart 82000 F-Montauban
Tél. 05 63 20 08 09 Fax. 05 63 91 28 11
E-mail : mda@medecine-des-arts.com
site web : www.medecine-des-arts.com

Imprimer