Orchestre

L’orchestre dans les théâtres modernes est un retranchement plus ou moins grand qui règne autour de ce qu’on appelle la rampe de la scène ; c’est la place des symphonistes. Cette enceinte est construite d’un bois sonore, du sapin ordinairement, afin de faire vibrer le son des instruments. C’est absolument la table d’harmonie d’un clavecin, car cette espèce de grand coffre sans couvercle est établi sur un vide avec des arcs- boutants. L’orchestre français ne date véritablement que du siècle de Louis XIV ; ce fut Lulli qui l’organisa. On doit à Lulli l’introduction des timbales et des trompettes dans l’orchestre, et plus tard, à Gluck, celle de la clarinette, dont on usait si sobrement qu’elle ne se faisait guère entendre que dans les ballets.
Que les temps sont changés ! quel admirable orchestre nous avons de nos jours ! il compte au moins 80 instruments ; il réunit, comme par enchantement, tous les bruits, tous les sons, toutes les voix de la nature, dont la musique n’est qu’une imitation.
Le violon possède d’immenses ressources : il simule la voix humaine ; c’est lui qui, avec la viole, le violoncelle et la contrebasse, règne exclusivement dans un orchestre. La viole repose, par la gravité de ses sons, des brillants éclats du violon ; le violoncelle, quand il chante, exprime la prière et le recueillement des marches religieuses ; la flûte, pleine de tendresse, rend les amoureux désirs ; le hautbois est pastoral, propre à la danse des villageois et des nymphes ; la clarinette accompagne ordinairement les danses gracieuses et les ballets enjoués, le cor chevaleresque et romantique, appelle à la chasse Henri IV ou Robin des Bois ; l’ophicléïde gémit ; le trombone, aux poumons de cuivre, annonce de grandes catastrophes. Par ce nombre d’instruments si variés, nos orchestres aujourd’hui sont un monde, où les passions, les sentiments déploient toutes leurs expressions, et où la nature fait entendre toutes les voix.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

 

Ce mot s’applique à trois choses et désigne :

  • 1° l’espace situé immédiatement devant la scène et en contre-bas, qui s’étend sur toute sa largeur, et dans lequel viennent prendre place les musiciens d’un théâtre ;
  • 2° l’ensemble même et la réunion de ces musiciens, qui constitue ce qu’on appelle réellement l’orchestre ;
  • 3° enfin, la partie de la salle qui, comprenant les « fauteuils d’orchestre », s’étend entre l’orchestre et le parterre et remplace ce qu’on qualifiait autrefois de parquet.

Après avoir donné cette triple définition, nous nous occuperons uniquement de l’orchestre proprement dit, c’est-à-dire de la réunion des musiciens qui forme le personnel symphonique d’un théâtre ou d’un concert. Tous les théâtres ne sont point des théâtres lyriques, tous les théâtres lyriques même ne se trouvent point dans des conditions semblables, soit au point de vue de la grandeur et des proportions de la salle, soit au point de vue du genre adopté. La composition de l’orchestre diffère donc, naturellement, selon ces diverses conditions, et tandis qu’un théâtre de vaudeville pourra se contenter d’une vingtaine de musiciens, un théâtre d’opérette en exigera une trentaine, et un véritable théâtre lyrique en comptera cinquante, soixante et jusqu’à quatre-vingts. Les petits orchestres sont forcément incomplets, c’est-à-dire qu’ils ne comprennent pas tous les instruments qui entrent dans la composition de ce qu’on pourrait appeler l’orchestre lyrique ou symphonique. Ainsi, au temps om l’on jouait de vaudeville, l’orchestre d’un théâtre de ce genre comprenait généralement quatre premiers violons, quatre seconds, deux altos, deux violoncelles, deux contrebasses, une flûte, une clarinette, un cornet à pistons, deux cors et un timbalier. Dans un théâtre de drame, où l’orchestre devait avoir une sonorité un peu plus corsée, on ajoutait généralement deux ou quatre violons, un basson, un second cornet à pistons, un trombone et une grosse caisse avec cymbales. Aujourd’hui dans nos théâtres d’orchestre compte généralement, en dehors des instruments à cordes, deux flûtes, deux clarinettes, un hautbois, un basson, deux cornets à pistons, deux cors, un trombone, timbales et grosse caisse. Enfin, pour faire connaître ce que c’est qu’un orchestre complet bien proportionné, nous allons donner la composition de l’orchestre de l’Opéra :

12 premiers violons,
12 seconds violons,
8 altos,
10 violoncelles,
8 contrebasses,
2 grandes flûtes,
1 petite flûte,
2 clarinettes, 2 hautbois,
4 bassons (les parties étant doublées, car on n’en écrit jamais que deux),
4 cors,
2 trompettes,
2 cornets à pistons,
3 trombones,
1 ophicléide,
1 timbalier,
1 cymbalier,
1 grosse caisse,
1 triangle

Telle est la composition régulière de l’orchestre auquel viennent s’ajouter accidentellement une ou deux harpes et un ou deux saxophones. Nous devons ajouter cependant que si tel est l’orchestre qui se présente aux yeux du public, son personnel est plus considérable, afin que l’on puisse parer aux accidents, aux maladies qui pourraient se produire. Ce personnel comprend donc, en plus de ce que nous avons vu, un quatuor à cordes, une clarinette, un hautbois, un basson, un cornet à pistons, deux cors, et un trombone. De cette façon, on est toujours sûr que les pupitres seront au complet. En France, le chef d’orchestre se place toujours au centre de l’orchestre, devant la rampe entre les deux parties de violons. En Italie, on le voit plus volontiers assis au milieu et au fond de l’orchestre, adossé à la balustrade qui sert de limite à celui-ci, et par conséquent touchant le premier rang de spectateurs. Par cette dernière position, le chef d’orchestre a l’avantage d’avoir tout son personnel sous les yeux et dans la main, pour ainsi dire, et de n’être pas obligé de faire à chaque instant des mouvements qui ne sont pas toujours agréables à voir. Mais, d’autre part, trop éloigné de la scène, il perd l’immense avantage qu’ont nos chefs d’orchestre de se trouver en communication visuelle, directe et intime avec les chanteurs, de pouvoir les échauffer du regard, ce qui est certainement une des conditions essentielles d’une bonne et chaleureuse exécution. On sait que Richard Wagner, poussant jusqu’au bout son système de ne laisser aux auditeurs de ses œuvres pas même l’apparence d’aucune distraction extérieure, a rendu l’orchestre invisible dans son théâtre de Bayreuth ; situé plus bas que dans les théâtres ordinaires, cet orchestre est entièrement couvert, de façon que les musiciens disparaissent complètement aux yeux du public ; seul, un espace vide et non couvert, ménagé devant la scène, permet aux chanteurs de suivre les mouvements du chef. Ceux qui ont assisté aux représentations de Bayreuth affirment que, par ce moyen, la sonorité instrumentale acquiert un fondu, un velouté dont on ne peut se faire une idée en entendant un orchestre ordinaire.

 

Considérant l’orchestre comme un instrument renfermant les autres instruments et les exécutants, on peut dire que c’est une vaste table d’harmonie qui est comme une grande caisse de résonance, sans couvercle, établie sur un espace vide avec des arcs-boutants.
Dictionnaire des instruments de musique, Albert Jacquot 1886 


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