Noms de théâtre

Jadis, la carrière du théâtre étant réputée infâme par l’Église, et la profession de comédien étant, en apparence du moins, considérée par les grands avec une sorte de mépris, les jeunes gens qui embrassaient cette profession croyaient devoir, par égard pour leurs familles, abandonner leur nom pour s’y livrer, et adopter, en montant sur la scène, un pseudonyme qu’ils ne quittaient plus même dans la vie privée, et sous lequel ils étaient exclusivement connus. C’est ainsi que le plus fameux d’entre tous substitua à son véritable nom de Poquelin celui de Molière, qu’il devait rendre immortel ; c’est ainsi encore qu’on vit Beaulieu devenir Bellemont, Pierre Le Messier s’appeler Bellerose, et que tous ces comédiens illustres, connus sous les noms de Jodelet, Floridor, Montfleury, Montménil, Desessarts, Préville, Clairval, s’appelaient en réalité Geoffrin, Josias de Soulas, Jacob, Le Sage, Dechanet, Dubus, Guignard. Plus près de nous, nous voyons encore nombre d’acteurs prendre ainsi des noms de théâtre, et Foucault devenir Saint-Prix ; Meynier, Saint-Fal ; Barizain, Monrose ; Mira ; Brunet Becquerelle, Firmin ; Tousez, Bocage ; Second, Féréol ; Pubereaux, Sainte-Foy ; etc. Aujourd’hui, la profession d’acteur, loin d’être reconnue indigne, comme autrefois, gagnât chaque jour dans l’esprit et dans l’estime du public, l’usage des noms de théâtre a presque complètement disparu, et les comédiens n’hésitent plus à se faire connaître sous leurs noms véritables.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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