Musiques actuelles, les aspects sonores et auditifs

La sonorisation

Comme nous l’avons vu précédemment, à l’origine, le terme de « Musiques Actuelles » désignait les musiques amplifiées ou qui avaient recours aux moyens d’amplification pour leur création musicale. Or, d’après Sophie Geller, chef de chœur, « vous entendez souvent des chanteurs rendre la sonorisation responsable de leur forçage vocal. » [1] Selon elle, cette incrimination est liée à deux paramètres. Premièrement, le groupe et le sonorisateur ne définissent pas assez précisément ensemble ce qu’est un « bon son » et deuxièmement, les chanteurs n’apprennent pas toujours à utiliser leur micro et ne savent donc pas ce qu’ils peuvent en attendre. les microphones (plus couramment appelés micros) :

Le micro

fonctionnement : Les micros transforment une vibration mécanique en signal électrique et ont pour but d’augmenter l’intensité sans modifier le signal.

types de micros : Lorsque le chanteur veut choisir son micro, il doit se confronter à un large choix et les essayer tous afin d’entendre celui qui correspond le plus à ce qu’il ambitionne comme résultat. Il optera alors pour celui qui sera le plus adapté à sa voix en fonction du timbre et de sa précision. Il existe quatre grands types de micros :

  • le micro dynamique : c’est le micro le plus utilisé par les chanteurs lors des prestations publiques. C’est un micro passe-partout aux caractéristiques variables en fonction de son prix.
  • le micro électrostatique : doté d’une sensibilité très fine, c’est celui qui est le plus fréquemment utilisé dans les studios d’enregistrement. Il capte tous les bruits de l’environnement, même les plus minimes. Son coût est de fait, beaucoup plus élevé.
  • le micro casque : préférentiellement exploité par les chanteurs qui se déplacent beaucoup sur scène, cet appareil autorise certaines gestuelles (danse, mixage…) tout en ayant le micro à proximité de la bouche.
  • le micro cravate : malgré son caractère très discret, il convient plus aux présentateurs de télévision qu’aux chanteurs.

positionnement : face au micro : en fonction du type de micro qu’il utilise, le chanteur va devoir se positionner différemment. Les capteurs des micros ne sont pas tous identiques. Pour les micros unidirectionnels, les micros de scène posés sur un pied ou tenus à la main, le capteur doit être placé près de la source. Les micros omnidirectionnels captent, eux, jusqu’à plusieurs voix, en étant perchés au-dessus des artistes.

Excepté s’il est tenu à la main, la distance qui sépare le chanteur de son micro doit faire l’objet d’un réglage optimal afin que ce dernier n’ait pas à pâtir d’une surextension du cou qui provoque alors une tension laryngée. En théorie, l’utilisation d’un micro ne devrait avoir aucune incidence sur le geste vocal s’il est bien positionné. Ce qui peut malgré tout obliger le chanteur à modifier son comportement est le fait qu’il ne s’entende pas convenablement. Une amplification implique qu’il n’y a pas de retour direct du son des instruments ni de la voix, et il faut donc s’habituer à les entendre dans un haut-parleur appelé « retour ».

Les retours
Ce sont les hauts parleurs placés sur la scène dans la plupart des cas, face à chaque musicien. Comme leur nom l’indique, ce sont eux qui fournissent le feed-back auditif de ce qui est joué ou chanté. Il arrive que les musiciens règlent eux-mêmes leur retour. Dans les salles bien équipées, chacun sera relié à la table de mixage et le sonorisateur sera chargé d’intervenir sur la qualité du son et son volume.

Pour la composition de ces retours, les pratiques sont très différentes d’un groupe à l’autre. Pour certains d’entre eux, chacun des membres a l’ensemble des instruments dans son retour. Pour d’autres, le guitariste, par exemple, n’a que la voix du chanteur comme base en plus de ce qu’il joue lui-même. Le chanteur n’a quant à lui, que sa voix dans le retour.

La balance
On appelle balance la recherche d’un équilibre sonore pour la prestation à venir. Le plus souvent, la balance est réalisée avant le concert. Il arrive toutefois qu’il faille ajuster le son au moment de la première chanson lorsque le groupe n’a pu prendre le temps de s’y atteler auparavant.Lors de la balance, le sonorisateur fait jouer chaque membre du groupe séparément en réglant les caractéristiques du son individuel, puis l’ensemble des musiciens jouent comme ils le feraient en plein concert afin qu’il règle le son de façade, c’est-à-dire celui que les spectateurs vont percevoir. Il est important que les artistes « jouent vraiment le jeu » lors de la balance, afin que le son ne soit pas trop différent des moments du concert pendant lesquels l’ambiance sur scène et dans la salle est à son maximum.

Les effets sonores
Dans les Musiques Actuelles, peuvent se surajouter à l’amplification d’autres effets sonores, qui créent une atmosphère et une originalité propre à chaque groupe en fonction de l’utilisation qui en est faite. Parmi ces effets, en voici plusieurs, tout en considérant que la liste n’est pas exhaustive :

  • l’écho : c’est un son réfléchi et reproduit avec un retard et une intensité suffisante qui est perçu comme une répétition du son original.
  • la réverbération : c’est un effet sonore qui donne de la profondeur et de l’ampleur au son et qui se caractérise par sa persistance dans une salle après son émission. Ce phénomène est naturel dans certains lieux comme les églises mais on peut également le créer avec un ensemble d’échos dont l’évolution dans le temps est modulée selon la fréquence et implique des réglages spécifiques.
  • la saturation (ou distorsion) : cet effet est utilisé majoritairement dans le rock et le métal pour dégager une sensation d’agressivité. A l’origine elle a été obtenue par les groupes qui, en mettant l’amplification de la guitare électrique au maximum, se sont rendu compte qu’il y avait un écrêtage du signal électrique. Le signal électrique ne peut dépasser une certaine valeur maximum et s’en retrouve tronqué. Le son saturé ne possède pas toutes les fréquences, il devient dysharmonieux à l’oreille. Jimi Hendrix a travaillé avec un ingénieur du son pour créer de nouvelles tonalités sans risquer d’endommager les amplis. Cette pratique s’est répandue au-delà des guitares et la plupart des micros et autres systèmes électroniques en bénéficient aujourd’hui.
  • l’échantillonneur (ou sampler) : utilisé par un grand nombre de styles musicaux, l’échantillonneur est un appareil conçu pour enregistrer des structures sonores, les transformer et les reproduire sous forme d’échantillons.
  • le scratch : il consiste à faire tourner un disque vinyle sous une tête de lecture avec la main, dans un mouvement d’avant en arrière plus ou moins rapide et de manière à produire un effet spécial. On peut y ajouter des variations du volume sonore.

 Le niveau sonore :
Il n’est pas rare d’entrer dans une salle de concert et d’être saisi par les vibrations sonores. Des bouchons d’oreilles sont parfois mis à disposition des spectateurs et des interprètes. Lorsque j’ai demandé à des musiciens une estimation du niveau sonore sur une scène, ils m’ont répondu que ça pouvait aller « jusqu’à 120 voire 130 décibels pour un groupe de rock et ce n’est jamais assez fort !!! ». Un tel excès provoque, par le biais des retours, une sensation appelée « bain de pieds ». Les vibrations donnent aux jambes et aux pieds une sensation de « flottement ».

Les deux facteurs majeurs de surdités acquises sont l’exposition à une intensité élevée (120-130 décibels représente le seuil de douleur) et la durée d’exposition au bruit. Pour les spectateurs qui rentrent chez eux à la suite d’un concert, le risque de lésions irréversibles de l’oreille interne est moindre que pour les musiciens qui sont exposés plus fréquemment à ces conditions acoustiques.30 Si l’audition des chanteurs est réduite, l’auto- contrôle audio-phonatoire ne peut plus se faire, ce qui pourra engendrer des modifications d’un ou de plusieurs paramètres de la voix.

En savoir plus

- Suite de cette article début juillet : les aspects visuels, olfactifs et respiratoires.
- Médecine des arts sur la voix chantée n° 63
Caroline Lavie, Voix et facteurs de dysodie dans les musiques actuelles, revue Médecine des arts, n° 63, page 5-14. A paraître juillet 2009.
[1] Geller S. « 1-2,…1-2,… », in Klein-Dallant C.,(2006)Voix parlée et voix chantée, Avray, autoédité


Rédactrice pour médecine des arts®: Caroline Lavie, orthophoniste
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