Monstre

Ce qu’on appelle monstre, en termes de littérature dramatique, c’est le canevas d’une pièce, à peine dégrossi, et qui ne contient encore que le tracé de l’œuvre projetée, avec indication sommaire des principales situations et des épisodes les plus importants. C’est, en un mot, la carcasse, la première esquisse d’une œuvre dramatique, le plan primitif, appelé à recevoir toutes les corrections, toutes les modifications possibles. En ce qui concerne la musique dramatique, on donne le nom de monstre à une coupe rythmique que le compositeur, désireux d’employer un motif en portefeuille, donne comme modèle à son poète pour que celui-ci écrive des vers sur la mesure qui doit cadrer avec ce motif. La plupart du temps, les monstres de genre n’ont aucun sens et se composent de mots sans suite que le musicien fait se succèdent de façon à donner à l’ensemble la forme rythmique qui lui est nécessaire, avec les finales masculines et féminins. Parfois cependant ils affectent une certaine apparence intelligible, témoins ces deux pseudo-vers du Chalet, qu’on a tant reprochés à Scribe :

  • u vin, du rhum, et puis du rac,
  • Ça fait du bien à l’estomac.

Or, ces deux vers étaient un monstre qu’Adam avait donné à son collaborateur, pour qu’il lui en fournit deux autres de mesure semblable. Scribe n’a eu que le tort de les employer.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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