Mascarade

La mascarade ne représente plus guère aujourd’hui qu’une troupe de gens déguisés et masqués, qui s’en vont courant par les rues, et qui parfois se réunissent pour danser. La chose est vulgaire, et le mot ne donne l’idée que d’une chose assez triviale. Il n’en allait pas de même autrefois : la mascarade était une chose noble et galante, un divertissement auquel nos rois eux-mêmes prenaient part et plaisir, et qui fut l’origine du ballet de cour, si fort en faveur au dix-septième siècle. Compan, dans son Dictionnaire de la danse, définit ainsi les mascarades : Trois espèces de divertissements assez différents les uns des autres, ont été connus sous le nom de mascarades.
Le premier et le plus ancien était formé de quatre, huit, douze et jusqu’à seize personnes, qui, après être convenues d’un ou de plusieurs déguisements, s’arrangeraient deux à deux, ou quatre à quatre, et entraient ainsi masquées dans le bal. Telle fut la mascarade en sauvage du roi Charles VI, et celle des Sorciers du roi Henri IV. Les masques n’étaient assujettis à aucune loi, et il leur était permis de faire jouer les airs qu’ils voulaient danser pour répondre au caractère du déguisement qu’ils avaient choisi.
La seconde espèce était une composition régulière. On prenait un sujet, ou de la Fable, ou de l’histoire. On formait deux ou trois quadrilles, qui s’arrangeaient sur les caractères ou sujets, et qui dansaient, sous ce déguisement, les airs qui étaient relatifs à leur personnage. On joignait à cette danse quelques récits qui en donnaient les explications nécessaires. Jodelle, Passerat, Baïf, Ronsard, Benserade, signalèrent leurs talents en France dans ce genre, qui n’est qu’un abrégé des grands ballets, et qui paraît avoir pris naissance à notre cour (A ces noms il faut ajouter ceux de Daurat et de Philippe Desportes, de ce dernier surtout, dans les œuvres duquel on peut lire, sous ce titre de Cartels et Masquarades, tous les vers écrits par lui pour ces fêtes galantes, et qui étaient débités par les plus grands personnages de la cour)
Il y en a une troisième qu’on imagina en 1675, qui tenait aussi du grand ballet, et qui, en allongeant la mascarade déjà connue, ne fit autre chose que d’en changer l’objet principal, en substituant mal adroitement le chant à la danse ; cette espèce de composition théâtrale retint tous les vices des autres, et n’était susceptibles d’aucun de leurs agréments.
Las mascarades furent innombrables sous les règles de Charles IX, Henri III, Henri IV et Louis XIII, qui y prenaient eux-mêmes une part active. Le 2 janvier 1655, Louis XIV, âgé de seize ans, en dansa une chez Mazarin ; et en 1668 il parut pour la dernière fois, masqué, dans une mascarade de Benserade intitulée le Carnaval.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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