Maître de Ballet

C’est l’artiste qui, dans un théâtre, est chargé de régler et d’imaginer les pas de danse qui doivent être exécutés, dans un baller ou dans un divertissement, aussi bien par les danseuses ou les danseurs seuls, que par l’ensemble du corps de ballet. C’est lui qui détermine non seulement la danse de chaque artiste en particulier, mais aussi les mouvements, les évolutions, les marches, les groupements opérés par les masses. Le maître de ballet doit donc d’abord être un excellent danseur, ensuite avoir une imagination fertile qui lui permette de trouver des motifs ou gracieux ou sévères, mais toujours riches en lignes harmonieuses, de façon à présenter au public des tableaux à la fois pleins de charme, de mouvement, de coloris et de poésie. Le maître de ballet, qui s’intitule volontiers compositeur, doit donc, en réalité, être un artiste fort distingué. Noverre, qui certainement possédait sous ce rapport des qualités exceptionnelles, a décrit ainsi, avec un peu de prétention peut-être, le rôle du maître de ballet : Le théâtre est le Parnasse des compositeurs ingénieux ; c’est là que, sans chercher, ils rencontrent une multitude de choses neuves ; tout s’y lie, tout y est plein d’âme, tout y est dessiné avec des traits de feu. Un tableau ou une situation le conduisent naturellement à une autre ; les figures s’enchaînent avec autant d’aisance que de grâce ; l’effet général se fait sentit sur le champ ; car telle figure élégante sur le papier cesse de l’être à l’exécution ; telle autre, qui le sera pour le spectateur qui la verra en vue d’oiseau, ne le sera point pour les premières loges et le parterre ; c’est donc pour les places les moins élevées que l’on doit principalement travailler, puisque telle forme, tel groupe et tel tableau dont l’effet est sensible pour le parterre ne peut manquer de l’être dans quelque endroit de la salle que l’on place. Vous observez dans des ballets des marches, des contre-marches, des repos, des retraites, des évolutions, des groupes ou des pelotons. Or, si le maître n’a pas le génie de faire mouvoir la grande machine dans des sens justes, s’il ne démêle au premier coup d’œil les inconvénients qui peuvent résulter de telle opération, s’il n’a l’art de profiter du terrain, s’il ne proportionne pas les manœuvres à l’étendue plus ou moins vaste et plus ou moins limitée du théâtre, si ses dispositions sont mal conçues, si les mouvements qu’il veut imprimer sont faux ou impossibles, si les marches sont ou trop vites ou trop lentes, ou mal dirigées, si la mesure et l’ensemble ne règnent pas, que sais-je ? Si l’instant est mal choisi, on n’aperçoit que confusion, qu’embarras, que tumulte ; tout se choque, tout se heurte ; il n’y a et il ne peut y avoir ni netteté, ni accord, ni exactitude, ni précision, et les huées et les sifflets sont la juste récompense d’un travail aussi monstrueux et aussi mal entendu. La conduite et la marche d’un grand ballet bien dessiné exige des connaissances, de l’esprit, du génie, de la finesse, un tact sûr, une prévoyance sage et un coup d’œil infaillible, et toutes ces qualités ne s’acquièrent pas en déchiffrant et en écrivant la danse chorégraphiquement ; le moment seul détermine la composition ; l’habileté consiste à le saisir et à en profiter heureusement. Notre Opéra, où la partie dansante a toujours conservé une importance considérable, a possédé une dynastie brillante de brillants maîtres de ballet : Beauchamps, Blondy, Balon, Maltaire, Lany, Noverre, Dauberval, Gardel, Milon, Aumer, Taglioni ; Corali, Petipa, Saint-Léon, M. Mérante. La Comédie-Italienne et l’ancien Opéra-Comique, pour qui la danse fut pendant longtemps un très vif élément de succès, ont compté aussi dans ce genre des artistes remarquables : Billioni, Rivière, Pitro, De Hesse, Sodi, Felicini pour la première, Noverre et Dourdet pour le second. La Comédie-Française elle-même posséda, pendant un certain temps, un corps de ballet très soigné, qu’elle confiait à des maîtres habiles, tels que Sodi, Dourdet, Rivière, Allard, etc.
On donne souvent aux maîtres de ballet le nom de chorégraphes.

Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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