Machaon

Machaon était frère de Podalire, tous deux fils d’Esculape. Celui-là était l’aîné, ainsi qu’on le recueille de ce que Q. Calaber fait dire à Podalire au sujet de la mort de Machaon ; que ce cher frère l’avait élevé comme son fils, après que leur père avait été reçu dans le ciel, et qu’il lui avait enseigné à guérir les maladies. Il est vrai qu’Homère met toujours Podalire le premier, lorsqu’il parle de lui et de son frère ; mais ce n’est pas une preuve qu’il soit l’aîné : il est vraisemblable que c’est pour s’accommoder aux règles de la versification. La manière dont le poète parle de Machaon fait voir qu’il était plus estimé que son frère et qu’on l’appelait préférablement à lui pour panser les grands de l’armée. En effet, ce fut Machaon qui traita Ménélaus, blessé par Tindare, en essuyant premièrement le sang de sa plaie, et en y appliquant ensuite des remèdes adoucissants, comme faisait son père. C’est à tort qu’on a dit que Machaon avait sucé la blessure de Ménélaus, et qu’on a rapporté cette cure pour appuyer la méthode adoptée par quelques chirurgiens français, en particulier par Anel, qui donne la description d’une espèce de seringue pour pomper les liqueurs, le sang et le pus extravasés.

L’expression d’Homère a fait prendre le change au sujet des moyens employés par le médecin grec ; c’est à la double signification du mot dont le poète s’est servi dans cette rencontre qu’on doit attribuer l’erreur dans laquelle plusieurs savants sont tombés.

Ce fut encore Machaon qui guérit Philoctète, qui était devenu boiteux pour avoir laissé tomber sur son pied une flèche trempée dans le fiel de l’Hydre de Lerne, présent ou dépôt que lui avait remis Hercule en mourant. Cette cure est une preuve que Machaon était plus habile dans son art que le Centaure de Chiron, qui ne put se guérir d’une plaie de cette espèce.

Au reste, les deux frères étaient soldats aussi bien que médecins, et Machaon doit avoir été fort brave, puisqu’il fut du nombre de ceux qui entrèrent dans le cheval de bois, cette fameuse machine dont les Grecs se servirent pour prendre Troye. Il fut blessé à l’épaule dans une sortie que firent les Troyens, et enfin il fut tué dans un combat de seul à seul par Nérée, ou selon d’autres, par Euripile, fils de Télèphe. Pausanias qui parle de ce combat, ajoute que Machaon fut enseveli dans la Messénie, où ses os furent rapportés du camp de devant Troye par les soins de Nestor. Sur quoi il faut remarquer que ce combat, qui se donna devant le camp des assiégeants, ne se rapporte pas bien avec ce que l’on a dit d’après Hyginus, que ce vaillant médecin fut du nombre de ceux qui entrèrent dans le cheval de bois ; car on sait que Troye fut prise immédiatement après que les guerriers qui étaient dans ce cheval en furent sortis. Mais ne pourrait-on pas concilier ce trait d’histoire avec le premier en disant que le camp des Grecs a demeuré quelque temps devant Troye après la prise de cette ville, pour que les assiégeants pussent profiter de tous les avantages qu’ils attendaient de leur conquête.

La femme de Machaon s’appelait Anticlea ; elle était fille de Dioclès, roi de Messénie. Il en eut deux fils, Nicomacus et Gorgasus, qui demeurèrent à Phère et possédèrent le royaume de leur aïeul jusqu’à ce que les Héraclides ; au retour de la guerre de Troye, se fussent emparés de la Messénie et de tout le Péloponnèse, d’où ils les chassèrent aussi bien que quelques autres petits rois. Pausanins parle encore de trois autres fils de Machaon, qu’il nomme Sphirus, Alexanor et Plémocrates. Il y a apparence qu’une partie d’entre eux furent médecins, et peut-être qu’ils suivirent tous la profession de leur père, qui fut soigneusement conservée dans leur famille. Au reste, on ne sait si Machaon était roi par lui-même ou s’il tenait cette dignité de sa femme ; mais Homère l’appelle en deux ou trois endroits pasteur des peuples, qui est le titre qu’il donne à Agamennon et aux autres rois.

Ovide, pour désigner un médecin, fait ainsi mention de Machaon, au premier livre De Ponto, épitre IV :
Utque Machaonlis Peautius artibus heros

Et au troisième livre, épitre IV :
Firma valent per se, aullumque Machaons quaerunt


Martial en parle aussi dans la seizième épigramme du deuxième livre :
Zoilus aegrotat, faciunt banc atragula febrem :
Si lucris sanus, coccina quid facient ?
Quid torns à Nilo ? Quid Sidone tinctus alcati ?
Ostendit stultas quid nisi morbus opes ?
Quid tibi cum medicis ? Dimitte Machaouas omues.
Via lleri sanus ? Stragula sume mes.

Suivant les Mémoires littéraires et critiques de M. Goulin, la naissance de Machaon peut être fixée vers l’an du monde 2765.

MM Bayle et Thillaye. Biographie médicale par ordre chronologique. Paris Adolphe Delahais, 1855


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