Le rythme, le métronome, le tempo, le rubato. Chronique d’un professeur de piano N°5

Le rubato

Le rubato doit s’intégrer dans cette logique, les définitions en sont diverses : « varier le tempo à l’intérieur d’une phrase musicale. », « Echappée entre deux pulsations ». Chopin conseillait de garder un rythme strict à la main gauche (Il l’appelait le Maître de Chapelle, en référence au chef d’orchestre). Seule la main droite garde quelques libertés. Dominique Hoppenot écrit : « Les accélérations et décélérations infimes se compensent constamment selon les besoins de la musique sans jamais se transformer ni en bousculade ni en trainasserie […]. Ce n’est pas la symétrie parfaite qui crée la beauté, rien n’est plus inexpressif qu’un visage parfaitement symétrique et pourtant, rien ne paraît plus régulier qu’un beau visage ».

Le rubato ne doit pas être prétexte à n’importe quoi mais il s’intègre à toutes les époques.
Denis Levaillant rappele « qu’au 17e siècle, on parle juste de discrétion (on trouve le mot chez Froberger) tant cette licence est naturelle. […] Avec le rubato, l’écriture au 18e et 19e siècle entre dans une spirale impitoyable, intégrant peu à peu tout le consensus vivant en indication textuelle ».
Cette explication permet de relativiser l’écriture chez Chopin (les 6 notes à la main gauche pour 7 à la main droite ou 10 pour 11) cela n’a rien de mathématique, c’est seulement la traduction écrite d’une certaine liberté souhaitée.
La musique doit être pensée et entendue dans sa globalité avec la personnalité de l’interprète et ses possibililtés techniques. Scheyder écrit : « Quand Liszt jouait […] l’impression la plus forte ne venait pas tant de ce qu’il jouait, mais de la puissance de l’évènement, de l’intensité de l’échange. »

Le rubato, cette licence étonnante du romantisme s’étendait au temps tout entier (Vladimir Jankelevitch parle de devise libertaire au sujet des termes « Ad libitum, a piacere »). […] Le jeu faisait vibrer l’instant comme jamais, le public était transporté hors temps ».
Bien sûr, n’est pas Liszt qui veut, mais chacun doit pouvoir donner à son jeu une consistance, une personnalité, sa personnalité, quelles que soient ses limites techniques.
Dominique Hoppenot écrit : « La vie rythmique de l’oeuvre est entièrement fonction de la sensibilité rythmique du musicien. […]. C’est avec la ferveur d’un comédien pénétré de son texte qu’il prononce sa phrase sans la précipiter ni la retenir trop, sans céder à une quelconque complaisance personnelle, mais en s’abandonnant à la musique comme à lui-même. […] Cette liberté est réalisable quand les problèmes techniques sont dominés, quand la confiance dans le résultat est totale et surtout quand le corps laisse passer le flux musical sans y faire obstacle par la moindre tension ou crispation superflue. »
D’où l’intérêt aussi d’un travail sur le corps (stretching, relaxation…) et d’un bon rapport professeur / élève, condition « sine qua non » de la confiance en soi.

Rédactrice : Patricia Cousin. Professeur de piano
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