Le rythme, le métronome, le tempo, le rubato. Chronique d’un professeur de piano N°5

Conscience de la pulsation intérieure

Certains élèves se désolent et pensent ne pas être « rythmiques », je leur fait prendre conscience que le problème est plutôt lié à la difficulté technique ; ils savent ce qu’ils veulent traduire mais les moyens techniques leur font défaut. Même si, indéniablement, certains ont une rythmique naturelle plus prononcée que d’autres. Dans un roman, Hugo Boris écrit à propos d’une pianiste amateur : « La phrase difficile approche, elle se crispe à nouveau, accélère, prend de l’élan pour finir plus vite et trébuche ». Tout le monde a rencontré, un jour, ce problème : accélérer sur une difficulté. Dans ce cas, le métronome peut parfois aider à ne pas s’affoler, mais souvent il devient un carcan et oblige à modifier le rythme pour suivre la pulsation. Je l’utilise donc avec parcimonie. D’ailleurs, il n’a été inventé qu’en 1816 et à l’époque déjà, les interprêtes craignaient qu’il ne défigure la musicalité ! Je préfère installer une conscience de la pulsation intérieure. Selon Dominique Hoppenot : « Le tempo correct n’est pas seulement affaire de métronome mais de vitalité, de sensibilité, d’affectivité. […] Le temps musical est le moyen de servir le contenu affectif d’une oeuvre dans le respect du rythme. […] C’est l’intensité de vie qui fait le tempo et non la notion de rapidité (le même tempo peut paraître, selon les exécutants, précipité ou mortellement lent). […] Le tempo n’est pas exactitude inflexible (comme un métronome) il est vivant parce que vivifié par d’infinies oscillations […]. Tous les grands artistes ont un tempo rubato d’une grande liberté tout en jouant parfaitement en mesure (sinon l’orchestre ne pourrait pas les suivre) ».

Mais quand, malgré le travail, le problème technique entrave la traduction de la pensée, il faut faire avec et donner la priorité à la cohérence de la phrase en entier. On peut par exemple modifier très légèrement le tempo avant la difficulté ou étirer une figure rythmique pour que les notes passent. Cela évitera ce que décrit Scheyder : « Très fréquemment, on se laisse entraîner malgré soi dans un flux musical infini et indéfini [….] L’aspect rythmique est un moyen de vivifier le discours ». Il faut aussi se décomplexer de cette idée « Je n’ai pas le sens du rythme », c’est plus souvent la conséquence que la cause du problème.

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