Le coude du musicien, plasticien, circassien

Autres pathologies au niveau du coude, non inscrites au tableau des maladies professionnelles

Les affections en relation avec la pratique ne se limitent pas aux maladies désignées comme professionnelles par le législateur. D’autres affections peuvent se situer dans cette zone ou en périphérie de celle-ci.

Les syndromes d’hypersollicitation ou de surmenage
Ils pourront se rencontrer chez des percussionnistes, ainsi que dans des pratiques circassiennes de lancer. Ils surviennent du fait de microlésions chroniques « au niveau du groupe musculaire des fléchisseurs-pronateurs qui aboutissent à une contracture. Ces lésions sont liées au rôle majeur de ces muscles pour assurer la stabilité dynamique en valgus du coude, ainsi qu’à la fatigue musculaire apparaissant avec la répétition des contractions lors des lancers » [1]. Douleurs et apparition d’un œdème localisé à l’effort caractérisent ce syndrome, la palpation des masses musculaires est douloureuse. »

Le syndrome de compression fascial de Bennett ou lacertus fibrosus
Il a été décrit chez le lanceur dans les pratiques sportives. Ce syndrome est lié à une « hypertrophie du groupe musculaire des fléchisseurs-pronateurs qui vient se comprimer contre le fascia, réalisant une forme de syndrome de loge ». La douleur médiale à l’effort dans le cadre de la pratique impose de faire une pause momentanée. Ce syndrome mériterait d’être recherché notamment dans certaines pratiques circassiennes (cirque).
(Le nerf médian peut être également comprimé par le Lacertus fibrosus, (expansion de l’aponévrose biccipitale). Cette neuropathie a été décrite chez un guitariste.

Conflit postérieur de surcharge
« Les contraintes en extension vont entraîner des symptômes au niveau du compartiment postéro-médial du coude en relation avec l’apparition d’un conflit entre l’olécrane et le bord médial de la fossette olécrânienne de l’humérus. [2] »
La fracture de fatigue de l’olécrâne
Egalement décrite dans le cadre de pratiques sportives, elle ne l’a jamais été dans le champ des pratiques artistiques, mais dans ce cas également des investigations dans certaines pratiques circassiennes mériteraient d’être menées.

Compression du nerf médian au niveau du coude
1. Syndrome du ligament de Struthers ou syndrome de l’anneau sus-épitrochléen
Parfois un ligament (ligament de Struthers) relie un crochet osseux également inconstant situé sur la diaphyse humérale et l’épicondyle interne. Cet arcade est situé 5 cm au-dessus du coude et elle est traversée par le nerf médian qui peut être comprimé à ce niveau. Même s’il s’agit de syndrome relativement rare, nous avons pu rencontrer cliniquement de tels syndromes chez les musiciens. « Les symptômes sont proches du SCC (syndrome du canal carpien). Des douleurs au coude et à l’avant-bras sont aggravées par l’extension des doigts et du poignet. » [3]
2. Syndrome du rond pronateur
Le nerf médian après le coude traverse la partie antérieure de l’avant-bras. Le nerf va passer entre les deux chefs du muscle rond pronateur et se glisser « sous l’arcade du fléchisseur superficiel des doigts. Le nerf pourra être comprimé sous ces deux muscles ou encore sous l’expansion aponévrotique du biceps ».
La douleur de la zone antérieure de l’avant-bras, « on va retrouver parfois des paresthésies de la main semblables à celles du SCC (syndrome du canal carpien). »
3. Le syndrome du nerf interosseux antérieur
Le nerf médian, après avoir passé entre les deux chefs du rond pronateur, donne une branche motrice qui innerve le long fléchisseur du pouce et le fléchisseur profond des doigts et le carré pronateur. Cette branche du nerf médian peut être comprimée par des structures fibreuses ou par des muscles surnuméraires (Muscle de Ganzer). Chez les musiciens cette compression est favorisée par la supination prolongée de l’avant-bras et on va le rencontre notamment sur l’avant-bras gauche des violonistes.

Compression du nerf radial
Compression du nerf interosseux postérieur
Certaines zones anatomiques sont particulièrement exposées dans le trajet du nerf radial. Au niveau du coude, le nerf traverse le tunnel radial qui comporte trois étages successifs, supérieur, moyen ou de division du nerf, inférieur ou de traversée du court supinateur (arcade de Fröhse). Cette compression de la branche postérieure du nerf radial au niveau de l’arcade de Fröhse a été pour la première fois décrite chez un chef d’orchestre en 1905 (Revue Médecine. Pathologie de la baguette ou atteinte du nerf radial chez le chef d’orchestre=
Ce syndrome se présente par un défaut d’extension de la métacarpo-phalangienne, de l’extension et de l’abduction du pouce. Mais la dorsiflexion du poignet est possible grâce à l’intégrité des muscles radiaux mais elle se fait avec une déviation radiale du fait de l’atteinte du cubital postérieur. » [4]
On le rencontre dans la plupart des pratiques musicales, l’avant-bras gauche du violoniste, ainsi que chez les flûtistes, et les pianistes. Plus largement les pratiques artistiques exigeant des positions en pronation forcée sont des facteurs de risques.
 

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