L’Enlèvement au sérail


Comédie en musique (ou Singspiel) en trois actes (quatre tableaux). Livret de Gottlied Stephanie (Stephanie le Jeune), d’après un livret de C. F. Bretzner pour Belmonte et Constance, d’André (1781), lui-même adapté d’une des nombreuses pièces anglaises et italiennes sur le même sujet. Musique de Wolfgang Amadeus Mozart.

L'enlèvement au sérail

Création
16 juillet 1782, à Vienne (au Burgtheater), sous la direction du compositeur.

Personnages
Constanze (Constance), un dame espagnole (soprano dramatique coloratura) – Blondine (Blondine), sa suivante anglaise (soprano léger) – Belmonte, un noble espagnol (ténor léger) – Pedrillo, son serviteur (ténor bouffe) – Sélin pacha (rôle parlé) – Osmin, gardien de son sérail (basse) – Un petit rôle parlé, un personnage muet, chœur.

Argument
L’action est située dans une Turquie de pure fantaisie.

Premier acte
Le jeune Belmonte, dont la fiancée Constance a été capturée par des pirates et vendus au pacha Sélim, arrive au palais de ce dernier ; malgré les soupçons d’Osmin, gardien du sérail, il réussit à pénétrer dans l’entourage du pacha.
Deuxième acte
Blonde répousse les avances d’Osmin, tandis que Constance résiste aux propositions du pacha ; puis Pedrillo, le valet de Belmonte, enivre Osmin pour faciliter la fuite des amants.
Troisième acte
Ceux-ci parviennent à s’échapper, mais Osmin a tôt fait de les rattraper ; cependant, Sélim, pacha, magnanime, fait grâce et rend à chacun sa liberté. Le compositeur Voir Lucio Silla

L’œuvre
Avec l’Enlèvement au sérail, l’auditeur pénètre dans le monde des cinq grands opéras – les chefs-d’œuvres universellement reconnus – de Mozart : c’est l’opéra de son mariage avec Constance Weber – Constance le nom même de l’héroïne de l’Enlèvement -, et d’un jeune bonheur conjugal. Il est vrai que l’ouvrage a un accent de jeunesse que le musicien ne retrouvera jamais plus.

Sorte de « comédie de l’esprit d’enfance », selon J. Longchampt ; mais adieu, aussi, à cet esprit d’enfance », car la partition inaugure un genre nouveau, sérieux sous les apparences de l’insouciance, où la profondeur des sentiments va trouver dans l’écriture musicale toutes ses résonances. Nouvelle dramaturgie, où la musique épouse les moindres inflexions du texte, ses intentions les plus secrètes : il n’est pas une page de l’Enlèvement qui n’exprime parfaitement le caractère de chaque personnage, et ses émotions de l’instant.

L’Enlèvement est un Singspiel (littéralement : jeu chanté), sorte d’opéra populaire allemand qui emprunte beaucoup à l’opéra-comique français du XVIII° siècle. Mais Mozart n’en respecte que les conventions extérieures et, d’emblée, hausse le genre à la dignité d’un grand ouvrage lyrique. L’exemple qui s’impose le premier est celui de l’ouverture qui, dès les premières mesures, associe intimement le spectateur à l’action – où domine « l’effusion d’une joie dont l’éclat paraît presque douloureux à force d’être intense » (Roland-Manuel) : page lumineuse, d’une folle allégresse, où les percussions simulent le tintamarre comique de la « turquerie », un moment interrompu par l’épisode d’élégiaque d’un adante en mineur. Au nombre des airs les plus remarquables figure le fameux « Martern aller Arten », dont la bravoure vocale et l’instrumentation concertante (longue introduction orchestrale, puis intervention de quatre instruments solistes) en font l’une des pages maîtresses du compositeur. Mais peut-être l’air « Traurigkeit Ward mir zum Loose » - qui précède de peu - est-il d’un expression plus douloureusement sincère :

Le sommet de l’ouvrage, cependant, semble atteint dans les finales du deuxième acte, que G. de Saint-Foix a salué comme la première grande scène dramatique de l’opéra allemand : c’est un quatuor, qui rompt délibérément l’intrigue, prétexte à peindre la diversité et l’opposition des caractères avec une maîtrise inaccoutumée.

Il n’est sans doute pas, chez Mozart, d’œuvre plus merveilleusement efficace à la scène que l’Enlèvement au sérail, et dont la scintillante poésie ne soit ressentie plus immédiatement.


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