Intrigue

La réunion des faits et des incidents qui, découlant du sujet, constituent la trame d’une œuvre dramatique. L’intrigue n’a rien de commun avec la charpente, comme quelques-uns l’ont à tort prétendu : elle comprend l’idée mère d’une pièce avec les idées secondaires qui s’y rattachent, tandis que la charpente est l’acte par lequel l’écrivain dramatique, coordonnant ces idées diverses, procède à l’établissement régulier, à la construction proprement dite de l’œuvre scénique. On peut très bien imaginer une intrigue sans qu’elle soit encore matériellement développée, c’est-à-dire sans que la pièce à laquelle elle doit donner lieu soit encore charpentée. ‘L’intrigue, a dit Chamfort, est la partie essentielle pour entretenir l’attention et soutenir l’intérêt de curiosité. Elle est le nœud ou la conduite d’une pièce dramatique ou d’un roman, c’est-à-dire le plus haut point d’embarras où se trouvent les principaux personnages, par l’artifice ou la fourberie de certaines personnes, et par la rencontre de plusieurs événements fortuits qu’elles ne peuvent débrouiller. Il y a toujours deux desseins dans la tragédie, la comédie ou le poème épique. Le premier et le principal est celui du héros : le second comprend tous les desseins de ceux qui s’opposent à ses prétentions. Ces causes opposées produisent aussi des effets opposés, savoir, les efforts du héros pour l’exécution de son dessein, et les efforts de ceux qui lui sont contraires. Comme ces causes et ces dessins sont le commencement de l’action, de même ces efforts contraires en sont le milieu, et forment une difficulté et un nœud qui fait la plus grande partie du poème : elle dure autant de temps que l’esprit du spectateur est suspendu sur l’événement de ces effets contraires. La solution ou dénouement commence lorsque l’on commence à voir cette difficulté levée et les doutes éclaircis. » Il y a des intrigues simples, et celles de la plupart, des pièces de Molière sont dans ce cas ; il en est au contraire, de très compliquées, et Beaumarchais en offre des modèles inimitables. Mais, qu’elle soit simple ou compliquée, la qualité maîtresse d’une intrigue est d’être claire et parfaitement saisissable dans toutes ses parties. C’est là qu’on reconnaît les maîtres.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885


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